Revue de presse internationale

À la Une: une Europe trop timorée

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Plusieurs drones d'origine inconnue ont été repérés au-dessus de plusieurs aéroports au Danemark dans la nuit de mercredi 24 à jeudi 25 septembre. (Image d'illustration)
Plusieurs drones d'origine inconnue ont été repérés au-dessus de plusieurs aéroports au Danemark dans la nuit de mercredi 24 à jeudi 25 septembre. (Image d'illustration) © AP - Jeff Roberson
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Un pétrolier suspect arraisonné par la marine nationale française au large de la Bretagne, des drones qui s’égarent un peu partout en Europe du Nord… L’ombre de la Russie s’étend sur le vieux continent. Une nouvelle forme de « guerre hybride », pointe Le Figaro à Paris, dont Moscou « s’est fait une spécialité ». Le but, précise le journal : « provoquer et inquiéter les membres de l’Otan, sans pour autant justifier une escalade incontrôlable. Alors que son armée piétine en Ukraine, Poutine ne veut sûrement pas élargir le conflit à tout le continent européen. Mais, affirme Le Figaro, en affichant son audace, il espère intimider les soutiens de Kiev, voire les pousser à réaffecter des budgets à leur propre défense. (…) Pour les Européens, voilà l’occasion ou jamais de faire preuve de solidarité et de courage ».

Divergences

On n’en est pas là, soupire Le Monde. « Malgré la multiplication des attaques hybrides de la Russie, les Européens peinent à s’accorder sur une défense commune », constate le quotidien du soir. « Réunis hier à Copenhague, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE ont débattu du rôle que doit prendre la Commission dans la coordination de leurs efforts militaires ».

Mais ils ne sont pas arrivés à s’entendre… « Les plus petits pays de l’Union, qui n’ont pas ou peu d’industrie de défense, militent, pour une Commission qui aurait plus de pouvoir en la matière ». Et les autres, « dont la France, l’Italie ou l’Allemagne, veulent conserver la maîtrise sur les grands projets militaires. Et rappellent que la Commission n’a aucune compétence en matière de défense ».

Seul point positif hier à Copenhague, note La Croix, toujours à Paris : « les dirigeants européens ont commencé à discuter de l’utilisation des actifs russes sous sanction pour financer le coût de la guerre en Ukraine. Ils pourraient ainsi transférer 140 milliards d’euros à Kiev. La Commission propose un mécanisme pour mettre la main sur cet argent, sans le confisquer formellement ».

« La Russie ne s’arrêtera pas » 

Reste que les Européens piétinent, constate également La Repubblica à Rome. « Alors que l’inquiétude militaire continue de secouer le continent, le Conseil européen informel a mis un frein au projet de "mur anti-drone". La question sera réexaminée lors du sommet de la fin octobre, après que la Commission européenne aura finalisé une nouvelle feuille de route ».

Pourtant, pointe le quotidien italien, les dirigeants européens parlent de « climat de guerre » et « les pays les plus impliqués aux frontières de la Russie préviennent : "nous devons nous préparer encore davantage", a déclaré le Premier ministre finlandais, Petteri Orpo. "Nous devons être prêts, car la Russie ne s’arrêtera pas" ». 

Tergiversations

Le Guardian à Londres s’agace : « en matière de défense, il ne faut pas hésiter. On ne peut pas passer dix ans à décider d’intervenir dans un conflit. On ne peut pas non plus tergiverser lorsqu’il s’agit d’investir dans des défenses aériennes ou des chars. (…) Alors que la guerre fait rage en Ukraine et que la Russie est de plus en plus disposée à tester la détermination de l’Europe sur son flanc oriental, les Européens doivent réfléchir aux moyens de remplacer ou de compléter l’amoindrissement de l’engagement américain. (…) Mais, déplore le Guardian, les structures de décisions de l’UE en matière militaire ne sont pas adaptées à la situation. (…) Il faut donc encourager une plus grande collaboration entre les États membres et réfléchir sérieusement à la meilleure façon d’impliquer des États non-membres de l’Union, comme le Royaume-Uni, la Norvège, la Suisse et même le Canada ».

« L’Europe admettra-t-elle qu’elle est en guerre ? »

Enfin, dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, le philosophe français Bernard-Henri Lévy hausse encore le ton : « L’Europe admettra-t-elle qu’elle est en guerre ? », s’exclame-t-il. L’Europe « peine à accepter la vérité selon laquelle, lorsque la guerre est déclarée, il n’y a pas d’autre choix que d’y faire face – avec retenue, en respectant les règles de proportionnalité, mais avec suffisamment de fermeté pour dissuader l’ennemi de pousser plus loin l’escalade. Les drones sont interdits en Europe au-dessus des zones sensibles, des sites stratégiques, de la plupart des aéroports et de certaines zones urbaines. Alors, s’interroge encore Bernard-Henri Lévy, qu’est-ce qui empêche l’Europe de les abattre ? »

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