À la Une: «Russian secrets» ou comment la Russie a bâti un réseau d'espionnage dans l'Arctique
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« Russian secrets » : c’est l’intitulé d’une vaste enquête journalistique qui montre comment la Russie a sécrètement bâti depuis 2012 un réseau d’espionnage dans l’Arctique avec des équipements européens. Une enquête collaborative, coordonnée par la chaîne de télévision allemande NDR, et à laquelle ont participé 10 médias occidentaux, dont Le Monde en France, le Washington Post aux États-Unis, le Times en Grande-Bretagne, ou encore le Süddeutsche Zeitung en Allemagne.
« Des produits occidentaux de haute technologie qui aident la Russie à protéger son arsenal nucléaire dans l’Arctique : l’information paraît impensable, dans le contexte de guerre en Ukraine et de renforcement de la menace militaire russe contre l’Europe. Et pourtant », s’exclame Le Monde.
« Dans les profondeurs de la mer de Barents, en bordure de l’océan Arctique, Moscou a déployé un réseau sous-marin secret composé de milliers de kilomètres de câbles, de capteurs et de sonars destinés à protéger ses sites nucléaires. Ce système d’écoute et d’espionnage, conçu pour détecter les sous-marins de l’Otan, s’appuie sur des matériels de pointe provenant d’Europe, des États-Unis et du Japon, acquis à travers un réseau opaque de sociétés-écrans. »
Un système baptisé Harmony par les Russes.
L’Europe s’est tiré une balle dans le pied…
« Moscou a avancé masqué, selon un mode opératoire prisé du Kremlin, précise Le Monde. Un réseau complexe de sociétés-écrans a été mis sur pied pour acheter bateaux et matériels d’espionnage en cachant leur destination réelle. Si la plupart de ces entités ont été immatriculées dans d’opaques et lointains centres offshore, c’est à Chypre, État membre de l’Union européenne souvent pointé pour ses liens économiques étroits avec la Russie et la faiblesse de ses réglementations, qu’a été installée l’entité organisatrice du système. »
Commentaire du Monde : « Ces nombreuses ventes de matériels détournés de leur usage initial, qui ont pour effet de renforcer l’infrastructure militaire d’un État hostile, interrogent la capacité de l’Union européenne à encadrer efficacement l’exportation de technologies sensibles. »
Et résultat, explique Benjamin Hilgenstock, expert en sanctions à la Kyiv School of Economics, dans les colonnes du Süddeutsche Zeitung : « La Russie renforce les capacités militaires nécessaires à un futur conflit avec l’Occident. Et les entreprises européennes, consciemment ou non, y ont contribué, recevant des sommes considérables se chiffrant en dizaines de millions. »
Russie : les américains haussent le ton…
À la une également, Donald Trump qui continue de souffler le chaud et le froid à propos de la Russie.
« Pour Trump, les conversations avec Poutine ne "vont nulle part", relève Le Figaro à Paris et Washington annonce un "renforcement majeur" des sanctions contre Moscou. » Des sanctions visant les deux plus importants groupes pétroliers russes. De leur côté, « les États membres de l’Union européenne se sont entendus dans la journée en faveur d’un 19ème “paquet“ de sanctions contre Moscou, dont la mesure phare pourrait être l’interdiction, d’ici fin 2027, des importations de gaz naturel russe dans les pays du bloc. »
Interrogé par La Repubblica à Rome, l’opposant russe Boris Bondarev, ancien conseiller de la représentation russe à l’ONU à Genève, ne mâche pas ses mots à l’encontre des européens : « les dirigeants européens parlent beaucoup, mais n’agissent jamais, dit-il. Ils attendent de “papa“ (Donald Trump) qu’il résolve leurs problèmes. Ils veulent mettre fin à la guerre, mais que les Ukrainiens assument les sacrifices. Ils veulent la sécurité, mais que les États-Unis la garantissent. Le problème, c’est que l’Europe n’a pas de voix, faute de force. Pour être forte, elle devrait se muscler. Et se muscler signifie dépenser davantage pour la défense. L’Europe doit se réveiller, et se réveiller maintenant. Arrêter de ronfler, s’exclame encore Boris Bondarev. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ne produisaient pas de voitures pour produire des armes. C’est ce que l’UE devrait faire maintenant. Au lieu de cela, elle agit comme si elle avait tout le temps du monde, tandis que son adversaire agit et agit très vite. »
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