Témoins d'actu

Comment l'île de Chypre est-elle dépassée par l’afflux de migrants?

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Depuis quelque temps, Chypre est confrontée à une importante vague migratoire. Selon Frontex, l'agence européenne chargée de sécuriser les frontières extérieures de l'Union européenne, le nombre de migrants et demandeurs d'asile arrivés sur l'île a augmenté au mois de janvier de 48 % sur un an. Noé Pignède, correspondant de RFI au Liban, s'est rendu dans la capitale chypriote, Nicosie, et raconte.

Demandeurs d'asile dans le camp de Pournara à Chypre, le 1er février 2022.
Demandeurs d'asile dans le camp de Pournara à Chypre, le 1er février 2022. © CHRISTINA ASSI / AFP
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Dans cet épisode de Témoins d'actu, Noé Pignède explique tout d'abord que la situation géographique de Chypre favorise cet afflux d'exilés : « Isolée dans la Méditerranée, elle n'est pas loin du continent africain, pas loin du Moyen Orient, nous sommes à cinquante kilomètres des côtes syriennes et libanaises et le trajet en bateau est parfois moins dangereux que certaines autres routes de la Méditerranée ».

Depuis 1974, Chypre est divisée en deux. Nicosie la capitale, scinde la République turque de Chypre du nord et la République Chypriote du sud soutenue par les Européens. La majorité des migrants arrivent en avion, de Turquie, avec des visas d'étudiants en poche. Ils passent ensuite la ligne de démarcation avec le sud : « C'est une ligne verte de 184 kilomètres, démilitarisée, contrôlée par les Nations unies, mais ce n'est pas une frontière. C'est une ligne très poreuse. Par endroits, il s'agit juste d'un champ ».

Une fois au sud, la situation se complique : « Pour se faire enregistrer en tant que demandeurs d'asile, les migrants doivent aller dans le camp de Pournara. Ils sont censés y passer une quinzaine de jours, mais en réalité, ils y passent des mois dans des conditions déplorables. Noé Pignède a rencontré un syrien qui déclare : « Ce camp, est le pire du monde. J’ai peur de mourir. Si j’avais su, je ne serais jamais venu. Les passeurs nous ont vendu du rêve. On nous a dit que là-bas, on allait travailler et gagner cent euros par jour. J’ai tout quitté pour venir, ma famille, mes enfants, mais en fait, ici, c’est pire qu’en Syrie ».

Chypre ne fait pas partie de l'espace Schengen qui permet la libre circulation des biens et des personnes. De plus, le règlement dit de Dublin, s'applique. Règlement, selon lequel, le premier pays dans lequel un migrant arrive est le pays dans lequel il doit faire sa demande d'asile. Du coup, même si cette demande est acceptée, il est ensuite très difficile de quitter Chypre pour un autre pays de l'UE. « Dans certains quartiers de Nicosie, explique Noé, il y a plus de migrants que de locaux. C'est devenu une ville où des milliers de personnes sont en errance avec des valises ».

 

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