Les travailleurs migrants asiatiques d'Israël face à des choix difficiles
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Avant la guerre à Gaza, plus de 100 000 ouvriers migrants travaillaient en Israël à la recherche d’un meilleur avenir. L’attaque du Hamas le 7 octobre a chamboulé leur vie, notamment celle des Thaïlandais qui forment, avec les Philippins, le plus gros contingent des travailleurs migrants. Ce pays a d’ailleurs payé l’un des plus lourds tributs avec 32 ressortissants tués et 22 encore retenus en otage.

Ces migrants, venus d’Asie et notamment de la Thaïlande, sont les petites mains invisibles dans les vergers israéliens et invisibles aussi dans cette guerre, car leurs noms ne figurent sur aucune liste prioritaire. L'ONG israélienne Kav LaOved, qui défend les droits de ces migrants, dit avoir été inondée d'appels par des Thaïlandais désespérés à la recherche d’un endroit sûr.
Il y a par exemple Kamlue, 41 ans, cité par le Bangkok Post : le 7 octobre, il était en train de récolter des courgettes quand il a reçu une balle dans la jambe. Parmi les 8 000 compatriotes qui ont été rapatriés entre-temps, cet ouvrier dit vouloir retourner en Israël, sinon il ne pourra pas rembourser l’emprunt de 5 000 euros à une agence locale qui lui avait obtenu son contrat de cinq ans. L'annonce du gouvernement à Bangkok le rassurera peut-être : chaque revenant aura droit à un prêt à faible taux et à une aide de 1 400 euros.
Partir ou rester ?
Quelque 30 0000 Thaïlandais travaillent dans les kibboutz et les fermes. Et parmi eux, 5 000 dans les « zones rouges », c’est-à-dire proche de la bande de Gaza. Leurs patrons les paient 1 400 euros par mois alors que chez eux, ils ne gagnent que quelque 160 euros. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que ces ouvriers agricoles deviennent les victimes collatérales d'un conflit qui n'est pas le leur : il y a deux ans déjà, des tirs de roquettes ont tué deux Thaïlandais. Selon l’ONG Kav LaOved, les employeurs obligent souvent leurs salariés à continuer à travailler, même si les tirs de roquette font rage et qu'il n'y a aucun abri pour eux.
Près de 30 000 Philippins et 5 000 Népalais travaillent en Israël. Contrairement aux Thaïlandais, ce sont plutôt des femmes, souvent employées comme femmes de chambre dans les hôtels. Mais avec le secteur du tourisme à l'arrêt, leur avenir est incertain et elles travaillent la peur au ventre. Comme Marivic, venue des Philippines et qui nettoie non-stop les chambres d’un hôtel à Eilat au bord de la mer Rouge, où de nombreux habitants des kibboutz attaqués ont trouvé refuge.
La presse asiatique évoque déjà d’autres pays qui cherchent de la main-d’œuvre, comme le Qatar ou l’Arabie saoudite. Mais dans la communauté philippine, par exemple, de nombreuses femmes sont mariées à des Palestiniens. Donc si elles partent, elles devront laisser leurs familles derrière elles.
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