À Taïwan: la campagne électorale de Terry Gou minée par une affaire d’achat de votes
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La campagne pour l’élection présidentielle taïwanaise, qui doit se tenir en janvier prochain, est semée d’embûches pour Terry Gou, le milliardaire qui se rêve pourtant déjà président. Son entreprise Foxconn, principal fournisseur d’Apple, est visée par plusieurs enquêtes en Chine. Et comme si cela ne suffisait pas, le magnat est maintenant confronté à Taïwan à des accusations d’achat de signatures pour sa campagne électorale.

Rien ne va plus pour Terry Gou. En tout cas, les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le milliardaire qui veut se présenter comme candidat indépendant. Alors que ce mercredi, l’entrepreneur fortuné âgé de 73 ans, qui est souvent comparé à Donald Trump, sortait encore tout confiant et tout sourire des bureaux de la commission électorale à Taipei. « Aujourd’hui est un jour incroyablement important !, s'est exclamé Terry Gou au micro du média TaiwanPlusNews. C’est la preuve que le peuple taïwanais poursuit son rêve de liberté et de démocratie ! Chaque signature me confie une responsabilité. Chaque signature m’encourage davantage ! »
Un peu moins de 300 000 signatures sont nécessaires pour son investiture. Son bureau fait savoir que le candidat a déposé plus d’un million de signatures.
Accusations
Mais le même jour, les Taïwanais apprennent que treize aides du camp de Terry Gou sont interpellés. Ils sont soupçonnés d’avoir offert de l’argent en échange de signatures en faveur du candidat Gou. On parle de 11 euros par signature. Les enquêteurs mentionnent aussi une distribution de papier toilette gratuit, qui fait scandale. Le porte-parole de la campagne a, sans tarder, pris ses distances avec ces militants qui ont fait du zèle : « Aucun acte illégal n’est accepté », a-t-il dit. Mais le mal est fait. Cette affaire risque de miner la campagne de Terry Gou.
L’enquête arrive à un mauvais moment pour le magnat de l’électronique. Il faut savoir que Terry Gou n’est crédité que de 7% des intentions de vote, derrière les trois autres candidats en lice, et ces accusations ne le feront certainement pas grimper dans les sondages. D’autant que son entreprise Foxconn, qui assemble les iPhone et les MacBook pour le géant américain Apple, est visée par d’autres enquêtes en Chine.
Le tycoon taïwanais est encombrant aux yeux de Pékin, car sa candidature affaiblit et divise le principal parti de l’opposition, le Kuomintang soutenu par la Chine. Le Kuomintang se dit favorable à un rapprochement avec la Chine, tout comme Terry Gou d’ailleurs. Mais, si tout cela est orchestré par Pékin, pas sûr que ce soit un coup de génie.
D’abord, Terry Gou a déjà dit qu’il refusait de se « soumettre aux menaces de la Chine ». Et puis, le grand gagnant de l’affaire pourrait finalement être l’ennemi numéro un de Pékin : le parti au pouvoir, le Parti démocrate progressiste (PDP). En clair : les déboires de Terry Gou font l’affaire de l’actuel vice-président taïwanais et grand favori Lai Ching-te. Car, plus l’opposition se déchire, mieux ce sera pour le pouvoir en place et qui compte y rester.
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