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La Nouvelle-Zélande forme un gouvernement de droite à trois partis

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Un nouveau gouvernement a enfin été formé suite aux élections nationales. Il aura fallu pas moins de 41 jours de conversations entre les partis pour enfin arriver à un accord de coalition. Est-ce dans les habitudes pour la Nouvelle-Zélande de prendre autant de temps pour former un gouvernement ?

En Nouvelle-Zélande, Christopher Luxon, leader du parti national, est le nouveau Premier ministre. Ici à Auckland, le 14 octobre 2023.
En Nouvelle-Zélande, Christopher Luxon, leader du parti national, est le nouveau Premier ministre. Ici à Auckland, le 14 octobre 2023. © REUTERS/David Rowland
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De notre correspondant en Nouvelle-Zélande,

Il faut comprendre comment fonctionne le système électoral de Nouvelle-Zélande. Lors de l’élection d’un Premier ministre, les Néo-Zélandais votent pour un parti mais aussi un membre du Parlement qui représentera leur région. Si un parti politique l’emporte avec la majorité, c’est-à-dire au moins 61 sièges au parlement, alors pas d’inquiétude le parti en question n’aura pas besoin de s’allier.

En revanche, s’il n’obtient pas la majorité, il aura besoin de former une coalition avec un ou plusieurs partis pour former un gouvernement.  C’était déjà le cas en 2017 avant l’arrivée au pouvoir de l’emblématique ex-Première ministre Jacinda Ardern et son parti de gauche Labour qui avait eu besoin des Verts et du parti de droite NZ First pour arriver à la tête du gouvernement.

Alliance

Qui forme cette fois le gouvernement ? Lors des dernières élections, la Nouvelle-Zélande a pris un très net virage à droite avec le parti national qui avait remporté ce scrutin avec une majorité de votes. Mais ensuite, les votes spéciaux ont été comptabilisés, c’est-à-dire ceux des Néo-Zélandais qui vivent à l’étranger mais aussi ceux qui ont voté en dehors de leur circonscription. 

Avec ce recompte des voix, le nouveau Premier ministre Chris Luxon du parti de droite n’avait plus de majorité pour former un gouvernement et il a donc dû s’allier avec deux autres partis pour former la coalition. Parmi eux, le vieux briscard incontournable de la politique néo-zélandaise, Winston Peters, 78 ans, et sa rhétorique toujours aussi agressive. C’est d’ailleurs lui et son parti NZ First qui avait déjà permis à Jacinda Ardern de gagner en 2017.  

Il gouvernera en tant qu’adjoint du Premier ministre Chris Luxon pendant 18 mois, puis viendra le tour de David Seymour, leader d’un autre parti de droite appelé ACT et ennemi juré de Winston Peters. Il prendra ses fonctions comme Premier ministre adjoint pour la seconde partie de ce mandat.  Un gouvernement à trois partis donc, qui, lors des premières conférences de presse a déjà fait des étincelles.

Cause maori

Que peut-on attendre en termes de lois de ces partis de droite ? Ces trois prochaines années risquent d’être très mouvementées. Lors de sa campagne Chris Luxon, l’actuel Premier ministre donc avait dénoncé une certaine « maorification » des institutions publiques après que plusieurs ministères avaient été renommés en maori.

Dès la semaine dernière, le ministère des Affaires étrangères avait donc décidé de ne plus employer la langue maori et de revenir à un nom en anglais. Une curieuse approche, quand on sait que les Maoris sont le peuple natif de Nouvelle-Zélande et que cette langue est considérée comme l’une des langues officielles du pays depuis 1987.  

Autre changement négatif pour la cause maori, le nouveau gouvernement prévoit de revoir les principes du traité de Waitangi. Lors de l’annexion de la Nouvelle-Zélande à l’Angleterre en 1840, les Maoris avaient signé un pacte pour garantir la protection de leurs terres et le contrôle des ressources par les tribus locales. Un pacte qui n’a pas été respecté à de nombreuses reprises par la colonie britannique. Mais aujourd’hui, le nouveau gouvernement précise qu’il aimerait modifier ce traité pour « rétablir une égalité entre tous les Néo-Zélandais ».

Le plan anti-tabac torpillé

Une autre mesure tout aussi surprenante, c’est le rétropédalage du projet « Smokefree 2025 ». Depuis une dizaine d’années, la Nouvelle-Zélande s’était lancé l’objectif de devenir un pays non-fumeur en interdisant aux personnes nées après 2008 d’acheter du tabac. Un projet pourtant toujours respecté par les différents partis au gouvernement, mais qui sera annulé par ce nouveau pouvoir dès mars 2024, car il craint de voir grandir un marché noir du tabac face à cette nouvelle loi.  

Ce nouveau gouvernement cherche également à revoir la législation sur les armes à feu pourtant adoptée suite aux attaques des mosquées de Christchurch, à mettre en place une enquête parlementaire pour savoir si le vaccin du Covid-19 et les confinements ont été utiles au pays, à remettre en place des essais à l’emploi de 90 jours et réduire de nombreux fonds liés aux énergies renouvelables.

Il y a un parfum de droite populiste en Nouvelle-Zélande qui, comme aux États-Unis, au Brésil et plus récemment en Argentine ne connaît pas de frontières.

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