En Australie, une nouvelle passe d'armes attendue entre les Gafa et l'État
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Depuis que le Canada a adopté récemment une loi contraignant les géants d'internet à reverser une partie de leurs revenus publicitaires aux médias, Facebook ne permet plus de poster des articles issus de la presse canadienne. L'Australie avait été confrontée au même coup de force en 2021 et était pionnière en la matière, car elle était le premier pays au monde à adopter une loi forçant les Gafa à négocier avec les éditeurs de presse des accords de rémunération.
De notre correspondant à Sydney,
Cette loi est partie d’un constat : Facebook et Google, à eux seuls, s’arrogent plus de 80% des recettes publicitaires sur internet en Australie. Les premiers pénalisés, ce sont les médias, qui voient leurs revenus fondre, et ce alors que Facebook et Google, en référençant et en permettant le partage de ces articles, génèrent du trafic sur leurs plateformes respectives, à partir de contenus qu’elles n’ont ni créés, ni financés.
Une situation de déséquilibre que les parlementaires australiens ont souhaité corriger en poussant les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) à signer des accords de rémunération avec tous les éditeurs de presse du pays. Google et Facebook s’y sont longtemps opposés, le premier menaçant de ne plus rendre accessible son moteur de recherche aux Australiens, et le second en empêchant purement et simplement la publication de contenus d’actualité sur son réseau social.
200 millions de dollars australiens
Une mesure radicale sur laquelle Facebook est revenu quelques jours plus tard, après que le gouvernement a décidé d’assouplir un peu sa législation. Et par la suite, les deux géants ont annoncé la signature d’accords avec les principaux groupes de presse du pays, qui ont pu ainsi obtenir une enveloppe d’environ 200 millions de dollars australiens, soit a peu près 130 millions d’euros.
Ces accords arrivent à échéance l'an prochain, et le gouvernement australien, qui a depuis changé, a tenu à rappeler aux Gafa qu’ils étaient tenus de revenir à la table des négociations. Il a fait valoir également qu’il souhaitait étendre son dispositif à d’autres plateformes.
La maison mère Meta tient la bride
Le ministre du Trésor a tout récemment rappelé que le gouvernement forcerait les Gafa à se mettre d’accord avec les médias, s’ils ne le font pas d’eux-mêmes. Et de nombreux parlementaires, dans la majorité comme dans l’opposition, souhaitent que la législation soit renforcée, pour notamment faire payer également les outils d’intelligence artificielle, tels que ChatGPT.
Si le gouvernement a ressenti le besoin de faire ce rappel, c’est d’abord parce qu’il voit comment Facebook se comporte avec les autorités canadiennes, mais aussi parce qu’un certain nombre de groupes de presse craignent que Meta, la maison mère de Facebook, refuse de renouveler ces accords. La principale raison est que le trafic sur les sites d’actualités venus de Facebook a chuté de 50% cette année, la plateforme ayant décidé de moins pousser les contenus d’actualité sur sa plateforme. On peut donc s’attendre, dans les mois qui viennent, à une nouvelle passe d’armes, entre d’un côté les médias et le gouvernement australien, et de l’autre les Gafa, et notamment Meta.
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