Pakistan: inquiétude sécuritaire à quelques semaines des élections législatives
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Le Pakistan est confronté à des attaques répétées et ciblées contre les forces de sécurité notamment. Le week-end dernier, encore cinq soldats ont été tués dans une attaque perpétrée dans la province du Baloutchistan. À quelques semaines du scrutin législatif qui doit se tenir le 8 février, la situation sécuritaire inquiète.

De notre correspondante à Islamabad,
Après plusieurs années d'un calme relatif, les attentats ont repris de plus belle au Pakistan. Ce sont plusieurs groupes terroristes et groupes armés nationalistes qui sévissent au Pakistan. Il y a le groupe État islamique, à l’origine de plusieurs attentats dirigés souvent contre la minorité chiite au Pakistan et contre les autorités. La dernière attaque de grande ampleur a eu lieu en juillet 2023. Il s’agissait d’un attentat-suicide au cœur d’un meeting du parti religieux Jamiat Ulema-e-Islam (JUI-F) dans la ville de Khar, située près de la frontière avec l’Afghanistan. Cinquante-quatre personnes avaient été tuées.
Il y a aussi les séparatistes baloutches au Baloutchitsan. Depuis des décennies, cette province est en proie à une insurrection séparatiste avec un groupe armé qui s’attaque à des cibles militaires, étatiques, chinoises. La Chine est un partenaire économique majeure du Pakistan et des compagnies chinoises exploitent notamment le port maritime stratégique de Gwadar situé sur la mer d’Arabie. Et il y a beaucoup ressentiment à l’égard des Chinois qui n’emploient pas beaucoup de main d’œuvre locale. Ce sont des séparatistes baloutches qui seraient à l’origine de l’attaque. Une attaque perpétrée le 13 janvier dans le district de Kech au Baloutchistan. Un véhicule de l’armée a été touché par une explosion, on suivit des échanges de tirs. Au moins cinq soldats pakistanais ont été tués.
Talibans pakistanais
Ces talibans pakistanais, Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), partagent la même idéologie que les talibans afghans mais ne font pas partie d’un groupe commun. Les talibans pakistanais veulent que la charia, la loi islamique, soit appliquée au Pakistan. Et ils utilisent les mêmes méthodes que les talibans ont utilisées en Afghanistan, à savoir une insurrection armée avec des attaques dirigées contre les autorités et les forces de sécurité.
La dernière attaque en date remonte à il y a une semaine. Ce sont des policiers qui devaient escorter des vaccinateurs contre la polio, dans la province de Kahyber Pakhtunkhwa, frontalière de l’Afghanistan qui ont été visés. Six policiers ont été tués, une vingtaine blessée. Le TTP multiplie de façon considérable les attaques dans l’ouest du pays depuis deux ans.
Ces deux ans correspondent à la prise du pouvoir en Afghanistan par les talibans. Cela a eu un impact sur la force de frappe des talibans pakistanais. Ces chefs talibans sont réfugiés en Afghanistan. Et c’est de là qu’ils opèrent et dirigent leurs opérations contre les forces de sécurités pakistanaises. La frontière avec l’Afghanistan est très poreuse, donc les passages de combattants sont facilités.
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Et puis les talibans pakistanais sont mieux armés que jamais : ils sont équipés d’armes sophistiquées, qui ont appartenu aux forces occidentales qui étaient postées en Afghanistan. Les Américains, les forces de l’Otan, sont partis d’Afghanistan dans la précipitation, en laissant des stocks d’armes et de munitions derrière eux, que l'on retrouve ensuite sur le marché noir dans l’ouest du Pakistan et aux mains des talibans pakistanais.
C’est un vrai sujet de tension entre Islamabad et le régime taliban. Les échanges diplomatiques qui ont eu lieu jusque-là n’ont rien donné. Les talibans afghans disent officiellement ne pas soutenir les actions qui peuvent faire du mal au Pakistan. Cependant, ils n’engagent aucune action contre le TTP sur son sol.
Élections législatives
Ce scrutin, qui est déjà en retard sur le calendrier électoral, devrait avoir lieu le 8 février. Mais le Sénat s’est prononcé récemment en faveur d’un report de trois mois en raison de l’insécurité et d’attaques dirigées notamment contre certains candidats et politiciens dans l’ouest et le sud-ouest du Pakistan. Mais cet avis du Sénat n’a pas de conséquence juridique, car seule la commission électorale est habilitée à prendre de telles décisions. On ignore encore quel sera le dispositif de sécurité le jour du scrutin mais aussi pour ces prochaines semaines de campagne. Tout est flou à ce stade bien que l’on soit à trois semaines des élections.
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