En ce cinquième jour du Nouvel An lunaire, que va apporter ce fameux dragon à Hong Kong ? Et comment les Hongkongais ont-ils accueilli son arrivée ?

De notre correspondante à Hong Kong,
Ce Nouvel An lunaire a été célébré par des feux d’artifice, encore plus impressionnants que ceux du 1er janvier et d’autant plus appréciés que les derniers remontaient à 2019, depuis que Hong Kong en avait été privée, à cause des grandes manifestations de 2019 puis du Covid-19.
Dans la culture chinoise, le dragon est un peu la star des douze créatures du calendrier lunaire. C’est un animal mythique auquel on prête toutes sortes de qualités, à commencer par celles du pouvoir, de la force mais aussi de la sagesse. Le dragon a longtemps été le symbole de l’empereur.
L’année du dragon est donc favorable aux événements heureux : mariages, achats d’un logement et naissances. Ce qui tombe bien, car le taux de natalité de Hong Kong est le plus bas du monde. Et lors des trois dernières années du dragon - qui reviennent tous les douze ans - le taux de natalité a systématiquement augmenté, jusqu’à 38% par rapport à l’année précédente, qui était pourtant l’année du lapin.
Il est d’ailleurs traditionnel, à cette époque de l’année, de consulter des devins pour connaître son destin et contrer les énergies négatives qui vont se présenter dans les douze prochains mois.
Tradition
Ce rituel de prophétie annuelle s’applique aussi à l’avenir du territoire. Il y a à Hong Kong une tradition très ancienne, autour d’un grand temple dédié au chef de guerre Cheng Ke de la dynastie Song, qui consiste chaque année à obtenir une prophétie du Nouvel An pour le territoire. Il faut faire tomber un bâtonnet numéroté d’un cylindre en bambou qui en contient 96. Chaque bâtonnet correspond à un présage, dont 35 sont de bon augure, 17 de mauvais augure et 44 sont neutres. Et c’est au leader des communautés rurales que revient cette responsabilité.
Cette année, le devin a tiré le bâtonnet numéro 15, un bâtonnet « neutre », comme depuis six ans, et il a déclaré que « Hong Kong était piégé dans une forêt". Il a ajouté que la prophétie signifiait que « Hong Kong s'était égarée ». Une prophétie qui ressemble fort à une critique alors que l’économie est à la peine : mauvaise performance de la bourse, baisse des prix de l’immobilier, baisse du nombre de touristes, fermetures des petits commerces.
Mais comme pour se rattraper, le devin a ajouté qu'il était favorable au projet de mise en place d’une nouvelle loi de sécurité, l’article 23, que les Hongkongais ont systématiquement rejetée par le passé, mais qui va leur être imposée dans le courant de l’année pour compléter la loi de sécurité nationale imposée par Pékin en 2020.
Même si elle apporte de nouveaux bébés très attendus, l’année du dragon risque donc d’être une nouvelle année noire pour les libertés civiles.
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