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Traite des femmes et des enfants: un fléau toujours d'actualité en Chine

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La Chine a lancé, mardi 19 mars, une opération spéciale de lutte contre la traite des femmes et des enfants. Cette campagne sera menée à l’échelle nationale, jusqu’à la fin 2024. La traite et l'exploitation des êtres humains est la troisième activité illégale la plus lucrative au monde, d’après l’ONU. Ce phénomène global persiste en Chine dans un contexte bien particulier.

Une femme tient des fleurs à l'occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars 2022, à Pékin. La colère soutenue et palpable suscitée en Chine par le cas d'une mère de huit enfants retrouvée enchaînée dans un hangar a incité le gouvernement à réagir avec une fermeté inhabituelle à la traite des êtres humains lors de la session annuelle de l'assemblée législative chinoise, qui n'a qu'un pouvoir discrétionnaire.
Une femme tient des fleurs à l'occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars 2022, à Pékin. La colère soutenue et palpable suscitée en Chine par le cas d'une mère de huit enfants retrouvée enchaînée dans un hangar a incité le gouvernement à réagir avec une fermeté inhabituelle à la traite des êtres humains lors de la session annuelle de l'assemblée législative chinoise, qui n'a qu'un pouvoir discrétionnaire. © AP - Ng Han Guan
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Tentative d’éradication du fléau, plusieurs précédents

La dernière fois que les autorités chinoises ont tenté de s’attaquer à la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, c'était en 2022. Le ministère de la Sécurité publique avait dû réagir en urgence à la suite d'un fait divers qui avait bouleversé le pays. La vidéo d’une femme enchaînée au cou, blottie dans une grange dans la province du Jiangsu à l’est, avait fait le tour du monde. Il s’est avéré que cette femme avait été victime de trafic, enlevée puis vendue à un homme avec lequel elle avait eu huit enfants. L’homme avait ensuite été condamné à neuf ans de prison pour maltraitance et séquestration. Mais les images avaient provoqué une onde de choc qui avait contraint certains médias officiels à reconnaître que la « vente de femmes » était une réalité.

La politique de l’enfant unique

Imposée pendant près de quarante ans, cette mesure est à l’origine d’un déséquilibre démographique majeur. Lancée en 1979, la limitation des naissances à un seul enfant par couple a pris fin en 2015. Mais les conséquences sur l’équilibre homme/femme sont désastreuses. La Chine compte, selon un recensement de 2020, 35 millions d’hommes de plus que de femmes.

Deng Xiaoping souhaitait à l’époque privilégier le développement économique. La limitation des naissances a eu pour effet, dans un pays patriarcal comme la Chine, de faire exploser les avortements sélectifs et les abandons d’enfants et, par effet domino, les trafics de femmes et d’enfants. Les réseaux criminels agissent entre les provinces chinoises où les déséquilibres homme/femme varient de 106 à plus de 126 hommes pour 100 femmes, mais aussi entre la Chine et de nombreux pays de la région.

Trafics internes et transfrontaliers

Lors des précédentes tentatives, les législateurs avaient préconisé des sanctions plus lourdes contre les trafiquants et leurs complices, que la « vente » et l’achat des victimes soient considérés comme un même délit et enfin de porter les peines de 5 à 20 ans de prison. Ces mesures ne semblent pas avoir donné les résultats escomptés.

Dans les faits, il n’existe pas de chiffres précis, les disparitions d’enfants sont estimées entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines de milliers par an. Des études ont démontré, par exemple, que la majorité des abandons concernaient des filles et la majorité des enlèvements des garçons. En 2021, la police chinoise avait annoncé avoir retrouvé près de 11 000 enfants disparus ou enlevés qui avaient pu rentrer chez eux.

Pour les femmes, aucune donnée précise, mais la presse asiatique rapporte régulièrement des cas de rapatriement de victimes au Laos, au Cambodge ou encore plus récemment aux Philippines, où on a découvert un trafic de vente d'épouses par correspondance, dans lequel était impliquée la mafia chinoise.

Ne pas tomber sous l'emprise des trafiquants

Les trafiquants transfrontaliers opèrent également en Birmanie, en proie à la guerre civile, des centaines de femmes auraient ainsi été victimes de mariage forcé. Le phénomène se développe aussi entre la Chine et la Corée du Nord, le Népal, l’Indonésie et le Pakistan.

Les organisations préconisent, entre autres, des campagnes de sensibilisation auprès des femmes vulnérables et pauvres de ces pays pour démystifier l’image de l’eldorado économique chinois, leur faire prendre conscience des risques encourus pour qu’elles ne tombent pas sous l'emprise des trafiquants.

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