Comment Move Forward surmonte sa dissolution pour rester sur la scène politique thaïlandaise
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Ces derniers jours, la Thaïlande connaît une vie politique mouvementée. Hier, la Cour constitutionnelle a destitué le Premier ministre Srettha Thavisin, estimant qu’il avait enfreint la Constitution. Et une semaine plus tôt, les neuf juges de cette même juridiction démantelaient le Move Forward, principal parti d’opposition qui, depuis quelques années, bouscule la vieille-garde conservatrice qui dirige le royaume. Sans tarder, le parti dissous se réincarnait deux jours plus tard, avec de nouveaux leaders et sous un nouveau nom, le Parti du peuple.
Moins d’une semaine après son lancement, quel est l’état de cette nouvelle formation politique ?
Le Parti du peuple, né donc sur les cendres du Move Forward, demeure la principale force politique du royaume, avec plus de 140 députés au Parlement. Accusés de vouloir renverser la monarchie, 11 dirigeants du Move Forward, pour certains parlementaires, ont certes été interdits de politique pour 10 ans. Mais tous les autres élus ont rejoint le Parti du peuple, même si plusieurs d’entre eux ont révélé s’être vus proposer une belle somme d’argent pour basculer dans un autre camp. Une pratique courante en politique ici. Et en l’espace de quelques jours, ce nouveau parti progressiste compte plus de 50 000 adhérents, et a déjà reçu 25 millions de bahts, soit 650 000 euros, de dons.
C’est cette volonté de changer l’ordre établi qui a fait le succès du Move Forward mais qui inquiète les tenants du pouvoir…
Tout à fait. Ses propositions de mettre fin au pouvoir militaire ou encore de démanteler les monopoles tenus par une poignée de grandes familles proches du pouvoir ont séduit de nombreux Thaïlandais. Et avec 14 millions de voix, le Move Forward a remporté à la surprise générale les dernières élections législatives l’an passé. Une menace pour l’establishment militaro-conservateur thaïlandais. Surtout, c’est le seul parti qui proposait d’amender une loi qui punit de 3 à 15 ans de prison toute critique de la monarchie, qualifiée par ses détracteurs d’outil pour réprimer la liberté d’expression.
Mais le Parti du peuple entend garder la même ligne réformiste que son prédécesseur. À l'annonce de sa création, l’un de ses dirigeants l’a réaffirmé devant la presse : « Les problèmes, selon nous, liés à cette loi n’ont pas changé. Quel que soit le problème, notre parti souhaite y apporter une solution. D’un point de vue factuel, le verdict a indéniablement limité l’espace pour trouver une solution. Mais il est toujours possible de discuter de l’amendement de l'article 112. »
112, en référence au numéro de l’article portant sur cette législation de lèse-majesté.
Ce Parti du peuple risque-t-il d’être dissous à nouveau ?
Dans la politique thaïlandaise, tout est possible. Surtout dès qu’un parti devient un peu trop populaire et menaçant aux yeux de l’establishment conservateur. L’ancêtre du Move Forward, le Future Forward, avait lui même été dissous en 2020, avant de se reformer. Le jour de cette nouvelle dissolution du Move Forward, une Thaïlandaise ayant voté pour ce parti ironisait : « Ils ont tué son nom, mais pas ses idées ».
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