La Chine déploie sa plus grande délégation au Forum des îles du Pacifique
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Le Forum des îles du Pacifique (FIP), qui a débuté hier à Tonga, est un événement important que la Chine suit de près, compte tenu de son influence et de ses intérêts croissants dans la région du Pacifique. Le sommet de cette semaine accueille la plus importante délégation chinoise jamais vue, car Pékin est l’un des 21 partenaires de dialogue. Les participants au sommet devraient lancer un nouvel appel en faveur d'un fonds local d'adaptation au changement climatique face au tarissement des aides étrangères. Ils se pencheront aussi sur la candidature de l'Australie, l'un des principaux exportateurs mondiaux de charbon et de gaz, à l'organisation de la conférence sur le climat COP31 en 2026.

De notre correspondante à Pékin,
La Chine suit de près ce forum pour de multiples raisons. Le FIP est traditionnellement considéré comme aligné sur les puissances occidentales, en particulier l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Mais, ces dernières années, la Chine a cherché à nouer des liens plus étroits avec les nations insulaires du Pacifique, cherchant à faire le contrepoids à l'influence occidentale. Le forum constitue une arène où la Chine peut observer et, indirectement par l'intermédiaire de ses alliés, participer à l'élaboration de l'agenda régional.
La Chine a été un partenaire économique majeur pour de nombreuses nations insulaires du Pacifique, en leur fournissant de l'aide et en développant des infrastructures. Pékin cherche aussi à promouvoir son initiative des « nouvelles routes de la soie » et de garantir ses intérêts économiques dans la région.
Le FIP discute toujours du changement climatique, la montée des eaux étant une question cruciale pour les nations insulaires du Pacifique. La position de la Chine sur les questions environnementales, notamment en ce qui concerne l'impact de ses projets d'infrastructure dans la région, fait l'objet d'un examen minutieux de part et d’autre du spectre des discussions.
Le Pacifique, théâtre de la rivalité Chine - États-Unis
C’est l'une des dynamiques géopolitiques les plus importantes qui influencent la région aujourd'hui. Tout d’abord, le Pacifique est une région cruciale en termes de stratégie militaire. Les États-Unis maintiennent depuis longtemps une présence militaire importante dans le Pacifique grâce à leurs bases dans des endroits tels que Guam et Hawaï, et à des accords avec des alliés tels que l'Australie et le Japon.
La Chine, quant à elle, cherche de plus en plus à étendre son empreinte militaire dans la région, d'une part pour sécuriser ses routes commerciales maritimes et d'autre part pour contester la domination des États-Unis.
Mais ce sont aussi tous deux des acteurs économiques majeurs dans la région. La Chine a énormément investi dans le Pacifique, on le disait, et ces projets, tout en fournissant des infrastructures indispensables, sont souvent assortis de conditions qui rapprochent les pays bénéficiaires des intérêts stratégiques de Pékin. Les États-Unis ont de leur côté élargi leur propre aide économique et leurs initiatives de développement, telles que le Cadre économique du Pacifique bleu, afin de contrebalancer l'influence de la Chine.
La Chine se heurte également à l’Australie
Les autorités australiennes sont convaincues qu'elles obtiendront cette semaine le soutien de la région pour un pacte ambitieux de maintien de l'ordre à l'échelle du Pacifique, dont elles espèrent qu'il contribuera à contrecarrer les efforts énergiques déployés par Pékin pour s'implanter dans la région sur le plan de la sécurité.
Sauf que, vu de Chine, l'objectif principal de l'Initiative de la police du Pacifique de l'Australie est de saper la coopération de la Chine avec les nations insulaires du Pacifique en matière de maintien de l'ordre.
La police australienne a souligné que « tout plan de maintien de l'ordre pour la région du Pacifique devrait être mené en interne par la région », ce qui implique que les « pays extérieurs » ne devraient pas être impliqués. En utilisant ce concept régional exclusif, l'Australie vise essentiellement la Chine. Pour Pékin, s'il s'agissait des États-Unis, de la France ou d'autres pays, l'Australie ne ferait pas une telle déclaration.
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