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La rentrée scolaire en Corée du Sud marquée par le manque de personnel et les cas de harcèlement

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En Corée du Sud, c’est aussi la rentrée des classes, mais cette année celle-ci semble plus difficile qu’avant. Durant l’été, des milliers de professeurs ont démissionné, créant des manques de personnel dans de nombreux établissements. Une rentrée également secouée par le scandale du harcèlement au travers de deepfake qui a particulièrement touché les établissements scolaires du pays. Pourquoi ces milliers d’enseignants ont démissionné ? Explications.

Des élèves d'une école élémentaire à Séoul, en Corée du Sud (photo d'illustration).
Des élèves d'une école élémentaire à Séoul, en Corée du Sud (photo d'illustration). © AFP/Jung Yeon-je
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Avec notre correspondant en Corée du Sud, Célio Fioretti

Oui, Au cours des cinq dernières années, la Corée a connu une tendance inquiétante de départ des enseignants avant l'âge de la retraite, avec plus de 32 000 départs au total. Cette année, plus de 3 300 enseignants de primaires, de collèges et de lycées ont quitté leur poste durant l'été précédant la rentrée scolaire. Le total des départs de cette année 2024 pourrait approcher les 7 000 d'ici à la fin de l'année. Une tendance en augmentation depuis cinq ans.

Ces démissions mettent en évidence le mécontentement croissant au sein de la profession. Les enseignants se plaignent notamment du manque de valorisation de leur travail au travers des salaires trop faible. Une enquête menée par le syndicat de la profession indique que 86 % des enseignants dans la vingtaine et la trentaine ont envisagé de quitter la profession en raison de leurs salaires.

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Mais plus spécifique à la Corée, c'est la gestion des élèves qui pose un problème ici. Dans un pays où le dossier scolaire est l'alpha et l'oméga de la future carrière d'un enfant, qui détermine à quelle université il aura accès ou non, les parents d'élèves n'hésitent pas à menacer les professeurs qui sanctionneraient les enfants turbulents. L'an dernier une jeune enseignante avait mis fin à ses jours après avoir été harcelé par des parents pour qu'elle ne punisse pas leur enfant.

Une rentrée marquée par les scandales de harcèlement sexuel

Dans le sillon de cet important scandale qui a secoué le pays en cette fin d'été, les établissements scolaires sont dans la tourmente. Pour rappel, au mois d'août, des groupes Telegram d'échange de vidéo pornographiques réalisé par intelligence artificielle ont été découverts. Les auteurs utilisent la technologie du deepfake pour calquer le visage d'une victime sur une vidéo à caractère sexuel pour l'humilier en la partageant sur internet.

Un phénomène qui s'est montré particulièrement important dans les écoles du pays. 20% des élèves interrogés dans une récente enquête disent avoir été victime de cette forme de harcèlement. Alors pour les établissements scolaires, cette rentrée est particulièrement difficile à gérer.

Les parents de victimes demandent évidemment des sanctions, mais de nombreux parents d'accusés font pression sur les directeurs d'école pour ne pas sanctionner leur enfant et ne pas tâcher leur dossier scolaire. Entre les deux les professeurs semblent bien démunis face à ce conflit qui touche presque toutes les classes, d'autant plus que la loi coréenne ne punit pas clairement ce type de harcèlement. Les associations de victimes demandent aux autorités d'établir un texte de loi et de mener de véritables enquêtes dans les établissements scolaires.

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