Foyers de l'horreur en Malaisie: l'enquête cible un groupe lié à une secte islamique interdite
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À la Une en Asie nous emmène ce vendredi en Malaisie où des millions de lecteurs de journaux suivent au jour le jour un scandale de maltraitance infantile, survenue dans des foyers d’accueil. Des éducateurs auraient fait subir des violences physiques et des abus sexuels à des centaines d’enfants. L’enquête se concentre sur une entreprise liée à une secte islamique interdite en Malaisie. Où en est l’enquête ? Éclairages.
Depuis le début du mois, la police a déjà arrêté plus de 350 personnes et gelé près de 140 comptes bancaires dans cette sordide affaire. Des raids ont permis de secourir au moins 572 garçons et filles âgés entre 1 et 17 ans dans ces orphelinats et internats que la presse malaisienne appelle désormais « les foyers de l’horreur ».
Ces enfants sont victimes de maltraitances physiques, psychiques et sexuelles, selon les premiers éléments de l’enquête. La police rapporte des cas de tortures, des garçons brûlés à l’aide de cuillères chaudes, des attouchements sexuels lors d’examens médicaux. Des vidéos montrent aussi des enfants fouettés où qui sont piétinés par le personnel d’encadrement. Et le pire, c’est que « ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », a commenté le chef de la police malaisienne, Razarudin Husain. L'Unicef suit cette enquête de près. Selon son représentant sur place, « ces enfants ont vécu des horreurs inimaginables et auront besoin d’aide médicale et psychologique sur le long terme ».
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À qui appartiennent ces foyers dans lesquels ces enfants vivaient ? Les investigations se concentrent sur le groupe commercial « Global Ikhwan Services and Business Holdings ». La plupart des victimes sont en fait les enfants des quelque 10 000 employés de ce groupe, séparés de leurs parents depuis leur plus jeune âge pour être éduqués selon des préceptes musulmans très stricts. Sur son site internet, l'entreprise dit vouloir promouvoir un « mode de vie islamique ». Supermarchés halals, pharmacies, boulangeries et foyers éducatifs - GISB est actif dans 20 pays avec aussi des restaurants halal à Dubaï, Bangkok, Londres ou encore à Paris dans le 18e arrondissement.
Cette compagnie est depuis longtemps déjà dans le collimateur des autorités pour ses liens avec la secte islamique Al-Arqam, qui est interdite en Malaisie depuis 30 ans. GISB a été fondé par des anciens membres de ce mouvement missionnaire islamique. Un scandale avait déjà éclaté en 2011, lorsque l’entreprise faisait la promotion de la polygamie et de son « club des épouses obéissantes » qui appelle les femmes à être des « prostitués de 1ere classe » pour éviter que leurs maris les trompent. Le Premier ministre Anwar Ibrahim a ordonné une enquête approfondie sans délai. Fait pour le moins embarrassant : dans une vidéo de publicité de l’entreprise, le chef du gouvernement apparaît lui-même aux côtés du PDG du groupe, Nasiruddin Ali, qui est actuellement en détention provisoire.
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