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Philippines: clap de fin pour les Pogo, ces casinos en ligne

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Aujourd’hui aux Philippines, le dernier Pogo du pays ferme ses portes. Les Pogo sont des casinos en lignes très populaires aux Philippines, à destination de joueurs étrangers, en particulier des Chinois. Mais depuis la pandémie de Covid, ils cachent surtout des opérations de cyberescroquerie sous le contrôle des mafias chinoises, alors, en juillet dernier, le président philippin Ferdinand Marcos a annoncé leur interdiction. 

C'est l'affaire Alice Guo (ici en mai 2024) qui a décidé le gouvernement philippin à interdire l'activité des Pogo.
C'est l'affaire Alice Guo (ici en mai 2024) qui a décidé le gouvernement philippin à interdire l'activité des Pogo. AP - Joseph Vidal
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Avec notre correspondante à Manille, Nemo Lecoq-Jammes

Les Pogo (pour Philippine Offshore Gaming Operator existent depuis une vingtaine d’année aux Philippines, mais c’est vraiment en 2016, que Rodrigo Duterte, l’ancien président décide de les relancer. Son but : assouplir les politiques de jeux sur Internet tout en créant de nouveaux emplois et une nouvelle économie avec les jeux offshore.

Le principe, c’est qu’ils sont destinés uniquement aux clients situés à l’extérieur du pays. Ce qui vient très vite intéresser une forte population chinoise, parce que la plupart des jeux de hasard sont interdits en Chine.

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On assiste alors à une arrivée massive de ressortissants chinois, dont beaucoup sans papiers, qui viennent pour travailler comme croupiers dans des Pogo à Manille et dans d’autres villes du pays.

En parallèle de cette diaspora chinoise qui se développe dans les Pogo viennent se greffer des activités illicites. Les Pogo deviennent une couverture. Et on parle d'espionnage, de blanchiment d'argent, mais aussi de prostitution, de torture, et même de meurtre.

L’affaire Alice Guo…

Tout commence en mars dernier, quand les autorités reçoivent une alerte : un jeune Vietnamien, roué de coups, vient de s’échapper d’un Pogo à Bamban, ville au nord de Manille. La police antigang y effectue une descente et elle découvre plusieurs centaines d’employés illégaux, dont une majorité de Chinois, mais aussi des Vietnamiens, des Malaisiens et des Rwandais, qui sont en fait les petites mains d’un vaste réseau illicite.

La spécialité de ce Pogo, derrière sa couverture d’entreprise légitime, c’est de mener des activités de surveillance et de piratages de sites web du gouvernement philippins. C’est de l’espionnage.

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Alice Guo, la maire de la ville de Bamban, est mise en cause : élue maire de la ville en 2022,elle est soupçonnée d'être une citoyenne chinoise qui opère, depuis le début de son mandat, sous une fausse identité. Démise de ses fonctions et sous el coup d'une enquête, la jeune femme a depuis fui les Philippines. Elle a été arrêtée en Indonésie en septembre dernier.

Cette affaire a tenu en haleine tout le pays, sur fond de conflit sino-philippin en mer de Chine du Sud. Le gouvernement philippin décide alors de trancher et de mettre fin aux activités des Pogo.

Des conséquences économiques importantes...

En 2019, l’économie des Pogo représentait près d’1 % du PIB du pays ! Et donnait du travail à des milliers de Philippins et de Chinois. Aujourd'hui, le bureau de l’immigration prévoit 20 000 expulsions d’étrangers qui travaillaient dans les Pogo. Mais pour ceux qui restent, les Philippins, l’avenir est difficile à envisager.

Un exemple concret : l’ancienne ville agricole de Santa Anna au nord de l’archipel s’est développée depuis une dizaine d’années grâce à l’industrie des Pogo dont elle est devenue complètement dépendante. Aujourd’hui, près de 2 000 habitants de cette ville sont sans emploi.

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