En Corée du Sud le feuilleton politique se poursuit, et l'arrestation du président déchu Yoon Suk-yeol pourrait être imminente. Un mandat d'arrêt à son encontre a été émis cette semaine, s'inscrit dans le cadre d'une enquête pour rébellion, suite à sa tentative avortée de proclamer la loi martiale. Selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, il pourrait être mis en œuvre dès ce jeudi.

Partisans et opposants de Yoon Suk-yeol qui s’invectivent devant la résidence de l’instigateur de la loi martiale, séparés par un cordon de police. Sur les réseaux sociaux les images attestent de la tension croissante à l’heure où pour la première fois de l’histoire du pays, un président certes suspendu, mais toujours en exercice pourrait être arrêté. Une première qui pourrait avoir lieu dès ce jeudi selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap.
Le mandat a été émis il y a deux jours, par un tribunal de Séoul mais l’arrestation n’a toujours pas eu lieu. Les enquêteurs du Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), qui centralise les investigations sur le coup de force du 3 décembre, manœuvrent avec précaution. Tout d’abord car Yoon Suk-yeol bénéficie toujours de la protection de la garde présidentielle, jusqu’à la décision définitive de la Cour constitutionnelle qui est attendue d’ici juin. Trois fois, son service de sécurité a empêché les tentatives de perquisition du domicile ou des bureaux du président déchu. Une opposition qu’ils justifient par une loi interdisant les perquisitions dans les lieux contenant des secrets d'État sans l'accord de la personne responsable. On ignore combien de gardes se trouvent avec M. Yoon, et comment ils réagiront en cas d'arrestation. La ligne officielle du service de sécurité présidentiel est d'obéir aux décisions de justice.
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Défiance
Et le camp ultraconservateur joue également avec l’atmosphère de tension qui règne autour de la résidence de Yoon Suk-yeol. Présents jours et nuit, ses partisans issus de la mouvance ultra conservatrice sont de plus en plus nombreux à camper devant la résidence, faisant craindre à une escalade de violence si les autorités tentent d’arrêter leur « champion ». Il est déjà arrivé, en 2000 et 2004, que les autorités sud-coréennes échouent à arrêter des élus recherchés par la justice parce qu'une foule de partisans avait empêché la police de s'emparer des suspects pendant les sept jours durant lesquels les mandats d'arrêt étaient valides.

Le président déchu ne semble pas prêt à se soumettre à la justice, bien qu’il soit désormais interdit de quitter le pays. Depuis son domicile, il continue de mobiliser sa base ultra-conservatrice. Dans une lettre envoyée cette nuit à ses soutiens, il a assuré qu’il suivait leur combat en direct sur Youtube et promis de se « battre jusqu’au bout ». Nourrissant une rhétorique complotiste, Yoon Suk-yeol a évoqué un « danger » imminent pour la Corée, citant à la fois des forces internes et externes menaçant la souveraineté du pays, sans oublier de dénoncer ce qu'il appelle des éléments « anti-étatiques ». Un discours qui tend à faire un pont entre ses deux grands ennemis : la Corée du Nord et l’opposition menée par le Parti démocrate.
De leur côté, les avocats de l'ex-président réfutent la légalité du mandat d'arrêt, arguant que l’enquête sur la corruption des hauts responsables ne relève pas de la compétence des autorités en charge de l’affaire. Ils n’hésitent pas à dénoncer une manipulation politique derrière cette procédure judiciaire.
Et si l’arrestation a lieu ?
Le mandat d’arrêt, qui expire ce lundi, permettrait la détention de Yoon Suk-yeol pour une période de 48 heures. En cas d'arrestation, l’ex-président serait transféré au siège du bureau d'enquête, situé à Gwacheon au sud de Séoul, où des mesures de sécurité sont actuellement renforcées. Là, il serait enfin confronté aux questions de la justice, après avoir jusqu’ici refusé de s’y soumettre. Sa détention à proprement parler aurait lieu dans un centre à proximité En fonction des réponses qu’il donnera, les enquêteurs pourraient alors demander un nouveau mandat d'arrêt ou décider de le relâcher. Une arrestation entraînerait un précédent historique dans la politique sud-coréenne : jamais un président en exercice n’a été placé en détention.
Les prochaines heures s’annoncent cruciales pour l’avenir politique de la Corée du Sud et la stabilité de ses institutions. Un premier président par intérim a déjà été destitué alors que l’opposition majoritaire au Parlement estimait qu’il ralentissait l’avancée du processus de destitution de Yoon Suk-yeol. Désormais les regards se tournent vers le ministre des Finances Choi Sang-mok, qui a promis de faire tout son possible pour mettre fin au chaos politique.
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