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Scandale de corruption aux Philippines: le président Marcos Jr face à une vague de mécontentement

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Aux Philippines, la cote de popularité du président Ferdinand Marcos Jr est au plus bas. En cause, un vaste scandale de corruption qui n’en finit pas de secouer l’archipel. Après les manifestations monstres en septembre, deux nouveaux rassemblements sont prévus vendredi 17 octobre et mardi 21 octobre, avec le mot d’ordre : « punir les responsables et restituer les fonds volés ».

Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. s'exprime lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre cambodgien Hun Manet après une cérémonie de signature à Phnom Penh, au Cambodge, le lundi 8 septembre 2025.
Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. s'exprime lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre cambodgien Hun Manet après une cérémonie de signature à Phnom Penh, au Cambodge, le lundi 8 septembre 2025. © AP Photo/Heng Sinith
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Révélée fin juillet par le président lui-même, lors d’un discours sur l’état de la Nation, l’affaire implique de faux projets de contrôle des inondations, dans un pays parmi les plus exposés aux typhons. Coût estimé pour le contribuable : environ 2 milliards d’euros, plutôt 18 milliards, selon Greenpeace.

Des témoignages accablants

Le président Ferdinand Marcos Jr avait promis d’agir contre ces malversations présumées, et que personne ne serait épargné. Pourtant, il dégringole dans les sondages. Les Philippins sont exaspérés par la corruption qui ronge le pays et n’ont pas confiance dans leurs institutions : 79 % des sondés désapprouvent la gestion de la corruption, un record historique.

Pourtant, dès la mi-septembre une commission d’enquête indépendante a été créée, enquête lancée également par la Chambre des représentants et le Sénat sur ces détournements de fonds et énormes pots de vins versés à des législateurs, des fonctionnaires ou des entrepreneurs pour des infrastructures inexistantes ou de piètre qualité.

Des auditions sont en cours, relayées en direct par les médias philippins et le moins que l’on puisse dire c’est que les langues se délient. Comme pour les témoignages accablants d’anciens ingénieurs du département des travaux publics et des autoroutes qui accusent nommément des figures politiques d’avoir perçu des rétrocommissions massives pour des projets fantômes. 

Un ancien soldat a récemment révélé devant la commission sénatoriale avoir régulièrement livré des valises bourrées d’argent liquide à la résidence de l’ancien président de la Chambre basse, Martin Romualdez. Ni plus ni moins que le cousin du chef de l’État, il a d’ailleurs présenté sa démission mi-septembre moins de deux semaines après celle du président du Sénat, Francis Escudero, un allié proche de Marcos.

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Opacité et impunité

Au total, entre 50 et 100 personnes, fonctionnaires ou sénateurs et dont les noms n’ont pas été rendus public, seraient impliqués dans ce scandale. Jusqu’à 70 % des fonds alloués à ces projets anti-inondations auraient été détournés, une somme colossale.

Par ailleurs, un site web lancé par le président Marcos pour encourager les citoyens à signaler les anomalies dans les projets d'infrastructure a enregistré jusqu’ici plus de 20 000 plaintes, un véritable raz de marée.

Le mécontentement grandit notamment en raison de la répression des forces de police durant la grande mobilisation anti-corruption le 21 septembre et l’arrestation de plus de 200 personnes. Les Philippins reprochent aussi l’opacité de la commission indépendante dont les sessions se tiennent à huis clos. Ils attendent justice, sans trop y croire en réalité, en raison de l’impunité historique dont jouissent leurs élites. Pour maintenir la pression sur les autorités, deux autres manifestations sont prévues à Manille vendredi 17 octobre et mardi 21 octobre … avant un grand rassemblement national fixé au 30 novembre.

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