Nous poursuivons notre série sur les métiers de l’Opéra de Paris. Cette série est dédiée à ceux qui œuvrent en coulisses. Cette semaine Anne-Marie Legrand, nous ouvre les portes de l’Atelier Flou, l’atelier destiné à la conception des costumes féminins de l’Opéra de Paris.
C’est voir quelque chose de joli et m’en inspirer. C’est une ligne qui me plaît ! Quand nous sommes un petit peu dans cet état d’esprit, je m’émerveille des petites choses de la rue et même de la campagne.
Anne-Marie Legrand se destinait à l’industrie de l’habillement. Mais ce cursus ne lui plait qu’à moitié. Elle apprend qu’à l’Opéra, de temps à autre, on recherche des personnes pour la confection de costumes. Elle décide de se lancer dans cette aventure. C’était en 1982 qu'elle décroche un premier contrat.
" Chaque tissu à son caractère "
Dans cet atelier, elle apprend tout jusqu’à devenir responsable de l’atelier flou. Pourquoi ce nom ? La réponse d’Anne-Marie Legrand.
« Dans le vêtement féminin, il y a de la coupe à plat par contre dans le costume, il y a beaucoup de drapé. Nous allons travailler avec les mains, avec le biais, avec le tissu. Il n’y a pas forcément de patron. Vous le ferez, éventuellement après. Mais le premier jet, cela va être le tissu, vos mains et le mannequin. Vous allez modeler, sculpter, faire des drapés et d’un tissu à l’autre, le biais est évidemment différent ! J’appelle cela la psychologie des tissus. C’est comme les gens, chaque tissu à son caractère et le biais révèle les caractères. Un tissu très fin, il va s’étirer. Donc, la difficulté de l’apprivoiser va être plus grande. Un tissu plus sec, cela va être une autre façon de travailler. Il faut l’observer, le voir, le comprendre et l’amener là où on va aller. Si la ligne est belle on le voit tout de suite. Nous regardons le mannequin et nous savons s’il faut redresser la ligne ou réduire le volume », indique Anne-Marie Legrand.
"Oublier le costume qu’elles ont sur elles "
Pour Anne-Marie Legrand le costume ne doit pas être une contrainte. Dans son métier, il est question de relation de confiance avec les artistes et de travail d’équipe.
« Le théâtre, c’est ce travail d’équipe, chacun amène sa pierre à l’édifice, pour que le soir, le rideau se lève. Il y a aussi la relation avec les artistes. C’est très important aussi une relation de confiance. Notre défi, c’est être au plus près du dessin du décorateur, de la maquette et en même temps, dans le cas présent, des danseuses, des solistes, les danseuses étoiles. C’est important qu’elles aient confiance en nous. Elles ne doivent penser qu’à leur danse et ne pas se demander ‘ ah, mon dieu, cela va se décrocher ‘. Elles oublient le costume qu’elles ont sur elles », conclut Anne-Marie Legrand, responsable de l'atelier flou de l’Opéra de Paris.
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