Hamady Gaye, la création contemporaine de bijoux en filigrane
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Au programme cette semaine, tradition et transmission. Hamady Gaye est le détenteur d’un savoir-faire unique en bijouterie : la technique du filigrane. Dans son atelier, à Paris, il crée ses propres bijoux. Il nous raconte : son apprentissage familial, son arrivée dans la capitale, comment il s’est adapté à sa nouvelle vie et son bonheur de transmettre son savoir aux jeunes générations en reliant la technique traditionnelle à la création contemporaine.

C’est venu un peu comme un don. Tout ce que je vois la nuit, je peux le fabriquer le lendemain.
Aujourd’hui je suis devenu un enfant qui rêve. A chaque moment je me rappelle cet enfant, du plaisir de fabriquer, de travailler. C’est maintenant que je me rends compte de la valeur et du bonheur. Si ce n’était pas ce métier-là, je ne pense pas que je pourrais être heureux », nous explique Hamady Gaye, créateur de bijoux contemporains.

Rêver d’ailleurs et déception
Hamady Gaye est issu d’une famille de bijoutiers. Il a commencé son apprentissage à sept, huit ans. Dans l’atelier familial, son père lui transmet la technique du filigrane. Son métier le rend heureux, mais Hamady Gaye rêve d’ailleurs, partir pour acquérir plus de connaissances ainsi que montrer son savoir-faire. Mais quand il arrive en France, cela ne se passe pas comme il l’a imaginé.
“ Dans les familles de bijoutiers, nous n’imaginons pas les difficultés quand nous quittons l’Afrique. En arrivant en France, vous n’existez pas ! Votre métier ne sert à rien. Il faut tout recommencer. Je suis allé à Pôle emploi. Quand j’ai dit que j’étais bijoutier, on m’a demandé quelle école j’avais faite. J’ai expliqué mon parcours. On m’a dit d’oublier. Pour travailler en France, on m’a proposé une formation d’agent d’entretien ou d’agent de sécurité incendie. Comme cela à avoir avec le feu, ce n’est pas loin de mon métier de bijoutier, j’ai choisi ce domaine-là."

« J’ai fait une formation, j’ai eu un diplôme, enfin ! J’ai travaillé pendant quinze ans dans beaucoup de bâtiments de l’administration française. Un jour je suis parti au Sénégal avec ma fille, qui s’appelle Pauline. Nous arrivons dans ma maison, elle voit mon petit frère dans l’atelier familial. Elle me demande ‘Papa pourquoi tu fais agent de sécurité ?’ Je lui réponds ‘Ma chérie, je suis mieux formé que tonton Moussa. A notre retour en France, je vais te montrer ce que papa est capable de faire’.»

Tradition et transmission
En 2013, Hamady Gaye ouvre une boutique mais aussi son atelier à Paris pour retrouver son métier et transmettre à des jeunes étudiants en joaillerie son savoir-faire.
“Il y a trois sortes de filigrane : le filigrane ajouré, un peu comme une dentelle, le plus connu ici en Europe. Il y a le filigrane appliqué, avec ou sans granulations. Cela c’est une spécialité africaine particulièrement du Sénégal, Mali et Mauritanie. Il y a le filigrane plein, c’est le même fil que le filigrane ajouré pour réaliser une spirale dans un cercle plein. Ces trois techniques je les maîtrise et je forme mes élèves dans ces domaines-là. Ils sont même surpris par le filigrane appliqué avec les granulations parce qu’ils ne le voient pas dans leur enseignement ”, conclut Hamady Gaye.
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