La main de Laurent Jannin, tapissier au château de Versailles
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Cet été, direction le château de Versailles. Nous posons nos micros dans le domaine et ses ateliers afin de vous faire connaître certains de ces métiers d’art. Ils sont tapissiers, ébénistes, doreurs, horlogers, peintres décorateurs, régisseurs d’œuvres, restaurateurs de sculptures, fontainiers ou jardiniers. Ces femmes et ces hommes entretiennent, restaurent et embellissent le patrimoine du château de Versailles. Ils nous racontent leurs parcours et leur savoir-faire en mouvement.
Paravents, tentures murales, pose d’étoffes sur les murs, passementeries, couverture ou restauration des garnitures des sièges, au château de Versailles, le métier de tapissier est exercé dans son ensemble. Tapissier d’ameublement, Laurent Jannin, nous reçoit dans son atelier avec ses parfums de toiles de jute, de lin et de crin de cheval.
Nous n’allons pas innover. Nous allons essayer d’être au plus proche de ce qui pouvait exister, selon les recherches sur le meuble, lui redonner l’aspect de ce qu’il aurait pu être à l’époque
Laurent Jannin, tapissier d’ameublement et technicien d’art. C’est au collège qu’il découvre le métier de tapissier d’ameublement. Après le baccalauréat, il revient sur cette première idée : faire un apprentissage en alternance. À 20 ans, un artisan le forme au métier dans sa globalité : le garnissage des sièges de tous styles et l’association de ses sièges à une décoration textile. Après avoir exercé dans l’atelier de son maître d’apprentissage, il concourt pour un poste de technicien d’art au ministère de la Culture. En 2003, il intègre le Mobilier national. En 2014, il postule en interne au château de Versailles.
« C’est de la muséographie, nous allons travailler de manière très traditionnelle. Les périodes présentent au château sont principalement le XVIIIe et XIXe siècle, donc nous allons utiliser uniquement ces techniques là avec les matières premières adaptées. Pour chaque meuble, il faut avoir une connaissance technique sur notre métier mais aussi connaître l’histoire de l’art, le dessin, des notions qui permettent d’appréhender les volumes, les tissus adaptés au bon style. Nous avons des discussions avec les conservateurs avant d’appréhender les œuvres, c’est eux qui font les recherches scientifiques sur les œuvres. Avec toutes ces compétences réunies, nous arrivons à recréer les décors et aussi redonner aux meubles leur aspect initial. »
Le tapissier travaille avec des matières naturelles comme le crin de cheval lors du garnissage traditionnel. Un savoir-faire unique mais précédé d’une autre étape.
« Quand nous dégarnissons un siège de sa vieille garniture, c’est le moment où nous découvrons ce qui était à l’intérieur. Nous sommes les premiers à redécouvrir, un peu comme de l’archéologie, c’est surprenant parfois. Il y a des sièges où nous retrouvons une lettre, une pièce, tout ce qui a pu tomber dans les sièges par tous ceux qui l’ont utilisé. »
Laurent Jannin est heureux de faire un métier qui le passionne toujours. Enseignant également au campus des métiers de Tours, il a cœur de confronter les apprentis, élèves et stagiaires à la réalité du métier.
« Je dis beaucoup aux élèves d’observer les gestes. Je donne ma façon de travailler mais ce n’est pas LA façon de travailler. Après 25 ans d’expérience, tous les techniciens que j’ai pu croiser, les anciens et même des élèves ont une façon de s’y prendre et cela m’a enrichi. Il n’y a rien de figé et moi je dis aux apprentis : "soyez curieux et vous ferez votre main en fonction de tout ce que vous verrez". »
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