Éric de Meyer, l’excellence et la puissance de création au château de Versailles
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La série de cet été de 100% création est dédiée aux artisans d’art du château de Versailles. Aujourd’hui, Éric de Meyer, responsable de l’atelier d’ébénisterie-restauration mobilier au château de Versailles depuis 20 ans. Il est à la tête d’une équipe de quatre personnes installées dans les ateliers des petites écuries en face du Château. Cette équipe restaure, vernit et décore le mobilier des collections du château de Versailles. Le Château compte 7 452 meubles.
Les ébénistes travaillent sur des pièces uniques, et donc, restaurent des meubles exceptionnels avec une histoire liée au patrimoine.
Je suis entouré de choses qui ont été créées fin XVIIe, XVIIIe et même au XIXe siècle. Le processus de création, il est constamment en questionnement dans mon esprit.
Éric de Meyer est responsable de l’atelier d’ébénisterie-restauration mobilier au château de Versailles. Avec une formation classique de menuisier-ébéniste, il a travaillé dans différents ateliers et dans l’agencement de luxe. Intéressé par le mobilier de style, Éric de Meyer s’oriente vers ce genre, plus spécifiquement vers les collections qui sont dans les châteaux ou les musées.
« Mon attirance a été ensuite vers l’excellence, à chaque fois, c’est-à-dire jusqu’au château de Versailles »
C’est en 2001 qu’il arrive à Versailles. Fasciné par le bois, Éric de Meyer est dans un processus de questionnement permanent :
« C’est un matériau dur, mais en même temps fragile, il se défibre, il peut se casser facilement, faire des éclats. C’est un matériau compliqué et difficile, c’est cela qui m’a attiré. Surtout, c’est un matériau qui n’était pas salissant. J’aimais bien les copeaux. J’ai toujours travaillé le bois. Petit, je bricolais beaucoup. C’est une vocation. Cela me correspondait bien, il y a beaucoup de géométrie, tout était visuel et mon attirance a été ensuite vers l’excellence à chaque fois, c’est-à-dire jusqu’au château de Versailles. Le mobilier à l’époque du château de Versailles est très moderne ».
« Le château de Versailles est un laboratoire d’innovations et de modernité. Les premiers meubles, qui ont donné le ton à toute l’Europe ensuite, étaient d’abord livrés à Versailles pour la famille royale. Travailler pour le château de Versailles, c’est conserver, sauvegarder un patrimoine. Il ne faut pas dénaturer ce patrimoine, il faut le garder dans son état, respecter la matière et suivre un protocole de déontologie. C’est un travail avec les conservateurs, eux dans leur spécialité, parce qu’ils sont quand même responsables juridiquement. Nous, nous leur rapportons notre expertise en tant que techniciens. Ce rapport avec les conservateurs me plaît beaucoup. À chaque fois, c’est un débat de savoir ce que nous faisons autour de ce mobilier. Ce sont des collections, elles appartiennent au patrimoine, c’est-à-dire à tout le monde, mais aussi à personne et ce côté universel me plaît énormément », souligne Éric de Meyer.
« Le processus de création était à son paroxysme dans tous les domaines »
Pour Eric de Meyer, travailler au château de Versailles, c'est être au cœur des défis de la création des artisans qui étaient au service de Louis XIV.
« Nous sommes entourés d’œuvres qui, en leur temps, étaient d’une grande modernité. Le processus de création était à son paroxysme dans tous les domaines. Nous, ici, c’est la même chose, il y a un processus de création que nous apprenons à l’école, nous partons du matériel, de nos envies, nous créons des modes opératoires. Ce qui est fascinant, dans le système de création, c’est qu’ici, nous sommes dans le beau et l’utile. Une commode sert à ranger, une table à travailler, une chaise à s’assoir. Comment, à partir d’un objet usuel, le rendre beau ! »
« Pour celui qui a un esprit innovateur, il est dans sa puissance de création »
Un métier de menuisier-ébéniste qui devient de plus en plus rare, qu’il faut valoriser et faire mieux connaître, aime-t-il à dire. « Nous sommes toujours inquiets pour la relève. Est-ce qu’il y a des vocations, des jeunes qui seraient intéressés ? Mon message : il existe des métiers, les métiers du bois, en général, métiers rigoureux, difficiles, mais qui permettent d’avoir une forme de liberté, ensuite, en devenant son propre patron. Pour celui qui a un esprit innovateur, il est dans sa puissance de création. »
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