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Plonger dans la magie de l’émail avec Manuel Cordel à la Manufacture de Sèvres

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Aujourd’hui, Manuel Cordel, technicien d’art émailleur. Dans l’émaillage, il y a deux métiers : l’émaillage par trempage et insufflation, et la retouche. Par trempage, l’objet est immergé rapidement dans le bain d’émail. L’immersion est suivie d’un mouvement rotatif du poignet. Les traces éventuellement laissées par les doigts pourront être reprises par la retouche. Il est important de tenir fermement la pièce et d’adapter son geste à celle-ci, comme au XVIIIe siècle.

Manuel Cordel, technicien d'art émailleur.
Manuel Cordel, technicien d'art émailleur. © Maria Afonso / RFI
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Nous allons chercher la perfection, le petit détail. Nous sommes un peu des maniaques.

Manuel Cordel, technicien d’art émailleur : « Il faut éviter d'être dans les opposés, c'est tout. Il n'y a pas de secret. Il faut dix ans, par exemple dans le milieu des compagnons, pour faire un très bon ouvrier ou technicien. C'est la même chose dans tous les corps de métier, dont la Manufacture ».

Manuel Cordel est né à Auxerre, en Bourgogne, dans une famille de publicistes. Il se destinait donc à travailler avec eux et pour cela, il a fait des études d’art afin d’apprendre à trouver sa touche de pinceau ou de crayon. Pendant sa formation d’art, Manuel Cordel a beaucoup aimé la céramique. Il tente donc le concours de la Manufacture de Sèvres et le réussit. Après un quart de siècle de présence à l’atelier de l’émaillage, Manuel Cordel est parfaitement dans son élément.

« Nous avons 250 ans d'histoire. Cela fait 26 ans que je suis là, je n'ai pas pu, encore, travailler sur toutes les pièces parce qu'il y a des pièces de réédition et les goûts des différents moments. Ce que j'aime beaucoup, c'est travailler avec certains artistes contemporains plus ou moins connus et dont certains extrêmement connus. C'est la force de la manufacture. C'est des artistes incroyables. Nous sommes leurs assistants techniques. »

Atelier d'émaillage
Atelier d'émaillage © Maria Afonso

« Au bout d'un moment, avec certains artistes, il y a quasiment une amitié qui se fonde. J'ai une amie qui est venu ici faire trois résidences, Marlène Mocquet, et nous sommes devenus amis à force de travailler ensemble. Nous pouvons donner une idée de certains artistes avec qui nous aimerions travailler. Mais la prise de décision ne nous appartient absolument pas. Elle peut être ministérielle ou au niveau de la direction. »

L’émaillage peut se faire par trempage ou par insufflation c’est-à-dire à l’aide d’un pistolet à air comprimé. Dès qu’un objet doit être émaillé, il y a une analyse pour savoir comment procéder. « Le métier facile ne m'intéresse pas. C'est pour cela que l'émaillage m'a beaucoup intéressé. Il y a toujours une réflexion, une recherche. Si c'est le trempage, nous allons faire des tests sur différentes façons de tremper la pièce dans un sens ou dans un autre. »

Atelier d'émaillage
Atelier d'émaillage © Maria Afonso

« Nous recherchons le moins de retouches, plus il y a de retouches, plus nous avons de possibilités d'avoir des imperfections. Au vu de la largeur et la longueur du bain d’émail, le vase le plus grand que nous allons tremper va faire entre 70 et 75 centimètres. Après, si on a une pièce plus grande, cela nous arrive des vases d’1,20 mètre, la technique de l'insufflation nous a beaucoup apporté. Aujourd'hui, avec des cannes mises au bout du pistolet, nous pouvons aller en profondeur. C'est beaucoup plus simple et moins dangereux au niveau des muscles, mais le nappage sera moins joli. C'est pour cela que nous sommes toujours en train de nous poser des questions. »

Manuel Cordel
Manuel Cordel © Maria Afonso

Pour assurer la pérennité du savoir-faire de la Manufacture de Sèvres et selon Manuel Cordel, il doit y avoir la transmission du geste ainsi qu’une aisance naturelle. « Nous avons des documents photographiques et vidéos, mais rien de tel que la pratique. Cela ne remplacera jamais le petit détail qui ne se voit pas forcément dans la vidéo. »

Manuel Cordel devant le bain d'émail
Manuel Cordel devant le bain d'émail © Maria Afonso

« Par exemple pour le trempage, il y a une prise au niveau des mains mais qui ne se voit pas forcément. Nous, c'est habituel, c'est instinctif. Il y a quelque chose d’inexpliqué. Moi, ce qui me surprend toujours, par exemple, c'est quand je vais tremper le couvercle d'une théière, il va m'échapper dans le bain parce que nous devons le tourner, le lâcher, le remettre à plat. Le bain d’émail est opaque, nous ne pouvons pas voir la pièce trempée. Et pourtant, je la retrouve toujours. Elle flotte dans le bain d’émail. Nous sommes dans l'instinct et l'automatisme, cela devient naturel, comme un prolongement de soi. »

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