Reportage international

Le Mexique devient le 4e pays le plus endeuillé avec plus de 37000 décès du Covid-19

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Au Mexique, la pandémie de coronavirus ne donne toujours pas de signe d’affaiblissement. Pour les autorités, la longue durée de l’épidémie est un succès, car cela signifie que le pays a réussi à étaler dans le temps les contagions. Une progression graduelle qui a permis d’éviter la saturation des hôpitaux mexicains, qui n’ont pas dépassé les 75% d’occupation en moyenne.

Une famille enterre le corps d'une femme décédée du coronavirus dans la banlieue de Mexico.
Une famille enterre le corps d'une femme décédée du coronavirus dans la banlieue de Mexico. REUTERS/Henry Romero
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Mais les chiffres de cas et de décès s’envolent : avec 37 000 morts du Covid-19, le Mexique est le 4e pays au monde avec le plus grand nombre de décès devant la France et l'Italie. Un paradoxe qui mène plusieurs experts du pays à dénoncer la stratégie du gouvernement

Tous les soirs à 19h, l’épidémiologiste en chef Hugo Lopez Gatell s’adresse aux Mexicains. Ce lundi 6 juillet, il tient à souligner le succès de sa stratégie contre le virus : « Notre but est de garantir suffisamment de lits d’hôpital, de personnel et de matériel pour les patients Covid en ayant à une propagation plus lente du virus. Et nous avons réussi grâce à vous tous qui avez respecté les mesures barrière ; ainsi qu’en augmentant notre capacité hospitalière. Nous sommes passés de 645 hôpitaux à plus de 900 dédiés au Covid. »

Eviter l’effondrement du fragile système hospitalier mexicain est une victoire. Mais cela n’empêche pas le Mexique d’avoir déjà enregistré plus de 310 000 cas et 37 000 décès de Covid-19 alors que la pandémie est loin d’être terminée, alerte le Dr Laurie-Ann Ximénez, professeure à l’université UNAM. « Imagine que ta maison soit inondée parce que tu as laissé le robinet ouvert. Et au lieu de fermer le robinet, tu tentes d’écluser l’eau avec un seau. Acheter des ventilateurs, recruter des soignants, faire livrer des protections par avion… c’est la même chose. Tant qu’on n’essaiera pas de contrôler, de stopper la propagation du virus -- c’est ça le robinet, la source du problème, qu’il faut fermer ! Il n’y a pas de solution facile. Sauf si l’idée c’est de laisser le virus suivre son cours naturel et que des centaines de milliers de personnes meurent. »

La biologiste ne dit pas autre chose que l’OMS, qui n’a cessé d’enjoindre les pays à tester massivement. « Je n’arrête pas de dire qu’on ne peut combattre le feu les yeux bandés. Nous ne pourrons pas battre cette pandémie si nous ne savons pas où se trouvent les cas infectés. Le message de l’OMS est simple : Testez, testez, testez. »

Avec 4,6 tests pour 1 000 habitants, le Mexique est l’un des pays qui teste le moins au monde, derrière le Brésil, le Pakistan et le Bangladesh. Une décision qui a des effets très concrets, comme en témoigne Sergio, infirmier dans un hôpital Covid de la banlieue de Mexico. Mi-mai, il a eu de la fièvre et perdu le goût et l’odorat. « Le lundi je suis allé voir mon hôpital pour me faire examiner et j’ai demandé d’être testé. On m’a répondu qu’ils n’avaient pas de test, qu’ils ne me feraient pas le test. J’ai dû le faire par moi-même dans le privé. Bien sûr que c’est gênant, car en tant que personnel soignant, on est exposé à 100% au virus. On se sent abandonnés par l’État. »

Le test a coûté plus de 100 euros à Sergio. Ces dernières semaines, le Mexique a encore ralenti la cadence. Moins de tests, ce sont aussi moins de cas et décès confirmés. Le gouvernement a reconnu que les chiffres réels de décès étaient probablement au moins trois fois plus élevés.

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