Reportage international

Israël: le mouvement de protestation contre Benyamin Netanyahu gagne du terrain

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Ces deux derniers jours et ce soir à nouveau, les opposants à Benyamin Netanyahu se sont et vont se mobiliser pour réclamer la démission du Premier ministre israélien. Le mouvement dure depuis plusieurs semaines, initié par des militants anticorruption alors que le chef du gouvernement est jugé dans trois affaires différentes. Mais il se nourrit aussi d’une colère concernant sa gestion de la pandémie du coronavirus. Une grogne de plus en plus forte alors que le pays est confronté à une deuxième vague de contagion. Reportage à Jérusalem avec Guilhem Delteil.

Mardi soir, les restaurateurs ont rejoint les rangs des manifestants anti-Netanyahu et sont venus distribuer gratuitement des plats pour protester contre les menaces pesant sur leur secteur.
Mardi soir, les restaurateurs ont rejoint les rangs des manifestants anti-Netanyahu et sont venus distribuer gratuitement des plats pour protester contre les menaces pesant sur leur secteur. RFI/DELTEIL Guilhem
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Mardi dernier, les restaurateurs s’étaient joints au cortège des anti-Netanyahu. Depuis cinq jours, le gouvernement tentait d’imposer la fermeture de leurs établissements. Une perspective combattue par ces chefs et patrons d’entreprise. À leurs yeux, le gouvernement n’a pas prouvé l’existence d’un risque sanitaire dans les restaurants. Mais la menace d’une fermeture rend l’activité impossible,  estime Rama Ben Zvi, cheffe d’un restaurant gastronomique à l’extérieur de Jérusalem.

« Ce n’est pas qu’une question rhétorique, déclare-t-elle. Pour nous, c’est comme ça qu’on sait si nos employés viennent travailler ou pas. Est-ce qu’on achète des produits ou pas à nos fournisseurs ? C’est impossible, impossible, impossible… Et les gens dans notre gouvernement, ils sont coupés de la réalité. Ils ne savent pas ce qui se passe ».

« Ce n’est pas le dernier repas »

Dans la manifestation, les restaurateurs distribuaient gratuitement des plats. L’opération était nommée « Ce n’est pas le dernier repas ». Eux qui emploient 200 000 personnes craignent de voir le secteur faire faillite. Et celui qu’ils tiennent pour responsable est Benyamin Netanyahu. Asaf Doktor, propriétaire de trois restaurants, est l’un des organisateurs de ce rassemblement. « Nous ne sommes pas un mouvement politique mais nous demandons au Premier ministre de démissionner, déclare-t-il. Ce que vous voyez aujourd’hui, ce n’est pas de gauche, de droite, arabe ou juif : c’est le peuple ! »

La grogne gagne de nombreux secteurs, ceux en crise comme ceux très sollicités en cette période de pandémie. Travailleurs sociaux, infirmiers et infirmières ont lancé des mouvements de grève pour réclamer plus de moyens. Avec la deuxième vague de coronavirus, la situation devient véritablement critique, juge Talia Avidor Dadash, infirmière à Hadassah, le principal hôpital de Jérusalem. « Durant la première vague, nous avons vu arriver dans les hôpitaux des patients atteints du corona ou soupçonnés d’avoir le corona mais cela était accompagné par une baisse du nombre de patients habituels, se souvient-elle. Mais maintenant, avec la deuxième vague, on voit une augmentation de ces deux chiffres. »

Lors de la première vague, Talia Avidor Dadash a été touchée par de nombreux gestes de soutien de la part du public ou d’institutions. Mais les attentions et les symboles ne suffisent plus, juge la jeune femme. « Nous n’avons pas besoin de plus d’applaudissements, affirme-t-elle. Nous n’avons pas besoin de repas gratuits. Nous n’avons pas besoin de tout ça. Ce dont nous avons besoin maintenant est le véritable remède à la situation actuelle : c’est du renfort dans nos services et dans la société. »

Face aux revendications, le gouvernement lâche du lest. Il a accordé des budgets supplémentaires tant aux assistants sociaux qu’aux infirmiers. Mais avec près d’un quart de la population active au chômage, la grogne perdure et la colère est dirigée contre Benyamin Netanyahu, à la tête du pays depuis onze ans. La semaine dernière, un sondage pointait que 75% des Israéliens étaient mécontents de sa gestion de la crise.

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