Depuis presque un mois, les Libanais tentent de reconstruire leu capitale Beyrouth, en grand partie détruite. L'explosion du port est venue s'ajouter à une crise économique et politique, l'effondrement de la monnaie, l'hyperinflation et le Covid-19. Une accumulation de malheurs qui pousse de plus en plus de Libanais à l’exode.

Dans les quartiers sinistrés par l’explosion, les Libanais tentent de se relever. Salwa a réparé ses fenêtres mais elle n’arrive plus à faire ses courses tant les prix ont augmenté ces derniers mois. Alors, avec ses deux enfants, elle vient chercher un repas chaud auprès d’une ONG : « Écoute je ne vais pas te mentir, je veux partir de ce pays. Si ça reste comme ça, on va tous se retrouver à la rue sans rien à manger. Et après ? Rien ne change ! Les gens organisent bien des manifestations mais personne ne les écoute. Donc oui je pense à partir, pour moi et pour mes enfants. »
Impossible de savoir combien, comme Salwa, préparent leurs bagages. Mais une chose est sûr, les jeunes sont de plus en plus nombreux à rejoindre les rangs de la diaspora libanaise. Parmi eux, beaucoup d’ingénieurs, de professeurs et de médecins comme Pamela Farah, 30 ans. Malgré 12 ans d’études et une spécialisation en France, elle ne trouve pas d’emploi et cherche à retourner à l’étranger : « Un diplôme c’est comme une arme dans la vie mais là, j’ai un diplôme qui ne sert à rien dans ce pays. »
Les hôpitaux frappés de plein fouet par la récession ne recrutent pas et son cabinet tourne à vide car les Libanais – dont 60% n’ont aucune assurance maladie – économisent sur les frais de santé. Pamela : « On ne voyait pas ça avant. Les gens appellent, un patient appelle le médecin. Il lui demande juste avant "Je peux savoir quel sont vos frais de consultation ?" donc pour voir si il vient ou pas, si il se soigne ou pas. C’est triste, oui c’est triste. De jour en jour, la situation empire et de mois en mois, on a de nouvelles catastrophes dans le pays, la dernière était l’explosion. »
En octobre dernier, des dizaines de milliers de Libanais sont descendus dans la rue pour dénoncer la corruption de la classe politique. Elie Saliba, un orthopédiste de 39 ans a participé à toutes les manifestations. Mais aujourd’hui déçu, lui aussi pense à quitter le pays : « Je suis tiraillé. Quand la révolution a commencé le 17 octobre, pour moi, c’était mon rêve. Et je me suis battu dans la rue, j’étais là tout le temps. Je pense que je veux continuer à me battre mais j’ai trois enfants et ma femme commence à perdre espoir. Et je la comprends parce qu’on a un avenir à assurer à ces enfants. Ils ont le droit de vivre heureux et de ne pas se battre. »
Avec la fuite des cerveaux, l’économie libanaise risque de s’effondrer encore d’avantage mais l’État semble incapable d’entreprendre des réformes.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne