Chronique des médias

Lutter contre la menace terroriste en ligne

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Une semaine après la mort du professeur Samuel Paty, le gouvernement veut durcir la législation contre la haine en ligne qui aboutit à des menaces contre autrui.

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé que le projet de loi contre les séparatismes allait s’attaquer aux réseaux sociaux en sanctionnant «ceux qui mettent en ligne des informations personnelles mettant en danger la vie d’autrui».
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé que le projet de loi contre les séparatismes allait s’attaquer aux réseaux sociaux en sanctionnant «ceux qui mettent en ligne des informations personnelles mettant en danger la vie d’autrui». CC0 Pixabay/LoboStudioHamburg
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Un « lien de causalité directe » entre la campagne de dénigrement dont il a été l’objet sur Internet et l’attentat dont il a été victime. C’est ainsi que Jean-François Ricard, le procureur antiterroriste de Paris, a établi les faits qui ont conduit à l’assassinat de Samuel Paty. Aussitôt, c’est toute la question du blocage des contenus non seulement haineux, mais dangereux à laquelle s’est attelé le gouvernement.

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé que le projet de loi contre les séparatismes, attendu le 9 décembre, allait s’attaquer aux réseaux sociaux en sanctionnant « ceux qui mettent en ligne des informations personnelles mettant en danger la vie d’autrui » – ce fut le cas avec la vidéo d’un parent d’élève qui donnait le nom et le collège de Samuel Paty quelques jours avant sa mort.

Le gouvernement entend aussi pénaliser ceux qui font pression sur les fonctionnaires, mais il ne s’arrêtera pas là. Marlène Schiappa, en tant que ministre déléguée à la Citoyenneté, veut aussi produire sur les réseaux sociaux un « contre-discours républicain » qu’elle confierait à une unité spécialisée. L’idée ? Ne plus laisser sans réponse, sans voix, des accusations d’islamophobie qui peuvent par exemple pleuvoir lorsqu’il y a une perquisition dans les locaux de l’association Baraka City.

Inverser la logique de signalement

Il s’agit ainsi d’expliquer que tout cela se fait sous le contrôle d’un juge, suivant des principes réaffirmés. Bon, il n’est pas tout à fait sûr que cela suffise et tous les regards se tournent alors vers les plateformes, les Facebook, Twitter, TikTok ou autre Twitch que Marlène Schiappa a d’ailleurs convoquées mardi, au nom de la lutte contre le cyber-islamisme. Il y a urgence : après la mort de Samuel Paty, 80 enquêtes ont été ouvertes, dont 15 pour apologie du terrorisme ou menace de mort. Évidemment, il existe déjà une plateforme de détection des délits sur Internet, Pharos, mais elle ne compte que 30 agents et reçoit plus de 200 000 signalements par an.

L’idée serait donc « d’inverser la logique de signalement », comme dit la ministre, pour que les plateformes signalent d’elle-même aux pouvoirs publics les contenus problématiques. Ces plateformes étrangères, qui pratiquent la modération, peuvent bien sûr le faire, mais cela signifie, il faut le savoir, davantage de contrôle humain, car l’algorithme ne peut pas tout face à des discours parfois dissimulés. Ce qui est sûr, c’est que les géants du numérique vont aussi être incités à limiter la viralité de certains contenus haineux. C’est d’autant plus important qu’ils fonctionnent avec des bulles de filtres qui renforcent toujours le même type de contenus.

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