Chronique des matières premières

Indonésie: l’Omnibus Law pourrait profiter aux géants de l’agro-alimentaire mondiale

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En Indonésie, une loi ratifiée début octobre risque de faire le bonheur des géants de l’agro-alimentaire mondiale. L’Omnibus Law, c’est son nom, vise à abaisser les exigences juridiques en matière d’emploi et d’environnement afin d’attirer les investisseurs étrangers. Pour les défenseurs de la biodiversité, c’est une très mauvaise nouvelle.

Orang-outan dans la forêt de Borneo en Indonésie (image d'illustration).
Orang-outan dans la forêt de Borneo en Indonésie (image d'illustration). AP/Fauzy Chaniago
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La troisième forêt primaire mondiale sacrifiée sur l’autel de la mondialisation et de mesures libérales. C’est en substance ce à quoi correspond pour les acteurs environnementaux indonésiens la ratification de la très controversée Omnibus Law.

Car pour attirer les investisseurs étrangers, le gouvernement actuel a considérablement assoupli les exigences légales en matière de protection des écosystèmes. Il renonce par exemple à exiger que chaque province indonésienne conserve au moins 30% de forêts et à imposer des études d’impact environnemental qui ne sont désormais obligatoires que pour les projets présentant des risques dits « élevés ». Il abandonne, enfin, la stricte responsabilité légale pour les entreprises ayant des incendies sur leurs concessions.

Et si le président de l’association des producteurs d’huile de palme indonésienne s’est félicité de cette nouvelle législation, les acteurs environnementaux, eux, estiment que ces nouvelles mesures n’auront pourtant pas d’impacts positifs pour cette industrie.

Car les consommateurs du monde entier sont de plus en plus sensibilisés à la question de la déforestation. Cette prise de conscience avait permis de commencer à faire face ce grave problème, une norme NDPE a été par exemple mise en place. NDPE pour en français « Pas de Déforestation, Pas de tourbière, pas d’exploitation ». Ratifiée par 83% des raffineries du pays, elle avait permis de réduire de ¾ le nombre d’hectares brûlés chaque année depuis 2017 d’après l’ONG Mighty Earth. Ces exigences avaient également été bénéfiques pour l’export vers une UE grosse consommatrice, mais de plus en plus scrupuleuse sur les questions de déforestation. Mais ce rétropédalage législatif risque d’entacher à nouveau la réputation de l’huile de palme indonésienne.

Les forêts indonésiennes semblent en effet bien parties pour continuer de brûler, l’ONG Sustainable Madani Foundation estime que les régions du Sud et de l’Est de Sumatra pourraient perdre totalement leur forêt vierge d’ici 30 ans.
Et dans les rues des villes indonésiennes ces dernières semaines, la colère des manifestants opposés à l’Omnibus Law continue également de s’enflammer.

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