Les théories du complot autour de la pandémie de Covid-19 circulent en particulier depuis cette semaine, avec un documentaire auto-financé : « Hold-up ».
C’est un film de Pierre Barnerias de près de 2 heures et 45 minutes assez bien réalisé avec des images de qualité. Bon, ça c’est pour la forme parce que pour ce qui est du fond, on retrouve tout un fatras de pseudo-révélations sur le Covid-19. Pêle-mêle, ce serait un virus créé par l’Institut Pasteur qui serait utilisé par le Forum économique mondial de Davos pour « soumettre l’humanité » dans le cadre d’un plan global appelé le « great reset ». Le but serait la vaccination massive qui n’aurait pour véritable finalité que de ficher les individus, de supprimer leurs libertés, alors qu’en réalité le Covid-19 ne serait pas plus dangereux que d’autres virus.
Enfin, voilà une des théories fumeuses du film car il en existe une autre, encore plus conspirationniste. Elle est soutenue par une sociologue pourtant réputée, Monique Pinçon-Charlot, qui explique sans ciller que la partie riche de l’humanité a entrepris de se débarrasser de la moitié pauvre par le virus car avec les robots et l’intelligence artificielle, elle n’a plus besoin de sa force de travail. Résumons-nous, un virus inoffensif qui va décimer les pauvres, on ne sait plus si on doit rire ou pleurer devant autant d’incohérence.
Mais peu importe pour les promoteurs de ce documentaire complotiste, « Hold-up », qui démarre d’abord comme un grand casse sur le financement participatif. En tout, près de 300 000 euros ont été levés auprès des internautes sur les plateformes Ulule et Tipee. Preuve que si vous associez Covid, intelligence artificielle, 5G et surveillance, vous êtes sûrs de trouver des gens prêts à vous suivre. Surtout avec des relais comme le site de France Soir ou l’animateur de Sud Radio, André Bercoff. En quelques jours, ce documentaire qui contient une trentaine de fausses informations, selon l’AFP, a été vu par des centaines de milliers de personnes et partagé massivement sur les réseaux sociaux.
Alors bien sûr, il est facile de pointer la crédulité des gens face à des phénomènes qui leur échappent. « Hold-up » correspond au besoin de se raccrocher à une vérité dans un monde incertain et alors que le gouvernement ne sait pas où il va après avoir menti sur les masques dont il n’avait pas assez de stocks. Le film correspond aussi à une ère de post-vérité chère à Donald Trump et ce n’est pas un hasard si les complotistes sont assez proches de QAnon, soutenue par l’ancien président, qui dénonce une conspiration pédo-criminelle de « l’État profond ». Ce n’est pas près de s’arranger puisque l’ONG First Draft s’inquiète de l’impact de la désinformation sur les vaccins l’an prochain, alors que tout le monde ne pourra pas être livré en même temps…
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