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Tunisie: à Sfax, commerçants et entrepreneurs résilients face à la crise économique [2/3]

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La ville de Sfax, à l’est de la Tunisie, est considérée comme la capitale économique grâce à son tissu industriel, son agriculture, mais aussi son rayonnement sur le sud tunisien et le marché libyen. Mais aujourd’hui, comme d’autres villes du pays, elle est fortement touchée par l’inflation et la hausse des prix. Pour les commerçants et entrepreneurs de la ville, cette crise n’est pas la première.

Le marché aux poissons à Sfax.
Le marché aux poissons à Sfax. © Lilia Blaise/RFI
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De notre envoyée spéciale,

Au marché aux poissons en plein centre-ville, véritable institution pour cette ville portuaire, la crise économique se fait sentir dans les bourses des clients et le chiffre d’affaires des commerçants. Sami, tente d’attirer la clientèle avec ses crevettes. Habituellement, pendant le mois de ramadan, le consommateur est plus enclin à s’offrir certains produits chers qu’il n’achète pas au quotidien, mais cette année, c’est difficile. « Il y a encore trois ans, les crevettes royales étaient à 15 dinars le kilo. Maintenant, nous les vendons à 35, plus du double. Du coup personne n’en achète. D’ailleurs les gens que vous voyez ici viennent plus faire un tour et regarder les prix, qu’acheter ».

Sami explique que la hausse des prix du poisson et des crustacés n’est pas liée qu’à l’inflation – 10,3% au mois de mars – qui touche le pays. Les aléas du changement climatique affectent beaucoup le rendement des pêcheurs : « Vous savez, Sfax, c'est la ville du travail et des pauvres. Ici, vous pouvez transformer un dinar en une centaine de dinars, alors on s’en sort toujours ».

La ville de Sfax a toujours tiré sa réputation de sa résilience et sa capacité à surmonter les crises économiques par son dynamisme. La ville et son gouvernorat comptent près d’1,5 million d’habitants. Elle est le premier producteur d’huile d’olives et d’amandes dans le pays et compte plus de 2 000 entreprises manufacturières qui emploient près de 60 000 personnes.

Le tourisme pour relancer l'économie

Sur la corniche du casino, face à la mer, Naamen Bouhamed, consultant spécialiste des petites et moyennes entreprises, parle déjà du premier bateau de croisière qui doit venir s’amarrer en octobre dans le port industriel, un élan pour relancer et diversifier le tourisme dans la région. « Le premier bateau de la compagnie française de navigation, Le Renaissance, viendra avec les premiers croisiéristes et c’est là où ça va donner une nouvelle dimension de la région de Sfax et de la ville en termes de tourisme culturel, de tourisme archéologique et de tourisme historique ».

Une aubaine aussi pour redorer l’image de la ville touchée par une crise des déchets pendant plus d’un an, mais aussi plus récemment, les tensions avec les travailleurs migrants subsahariens après les propos polémiques du président Kaïs Saïed. « Ça a duré un temps, parce qu’on a tellement besoin de main-d’œuvre que ces gens-là, on en a besoin, les entreprises, tout le monde, c’est une chaîne économique », soutient Naamen Bouhamed.

Une chaîne économique qui reste non déclarée pour la majorité des travailleurs migrants de la ville et qui vient s’ajouter au secteur informel qui représente près de 40% du PIB dans le pays.

► À lire aussi : Tunisie: à Sfax, les migrants subsahariens contribuent à l'entrepreneuriat

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