Or industriel en Afrique, plus de transparence pour plus de redevabilité [1/2]
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L’organisation Swissaid vient de publier un rapport intitulé « De l’ombre à la lumière ». Une plongée dans le monde de l’or industriel en Afrique. 125 mines d’or industrielles recensées sur le continent par l'organisation qui fournissent plus de 450 tonnes d’or industriel, traité par 16 raffineries. Les principales sont en Suisse, en Afrique du Sud et dans une moindre mesure en Inde. Pour un montant total de plus de 23 milliards d’euros. Dans ce rapport, l’ONG y étudie notamment les relations d’affaires entre les mines d’or industrielles en Afrique, les raffineries et le manque de transparence dans ces relations d'affaires.

Un secteur estimé à plus de 23 milliards d’euros, des chiffres colossaux. Pourtant, difficile d’établir la provenance exacte de cet or. « Les raffineries ont des problèmes à assumer leurs approvisionnements », explique Marc Ummel, responsable du secteur des minerais pour l’organisation Swissaid (dont le rapport est à consulter ici). « Dans le cadre de cette recherche, on a recensé des problèmes graves dans la majorité des 125 mines industrielles qu'on a répertoriées. Et en fait, là où on a vraiment vu le problème, c'est que la majorité des groupes miniers ignorent et contestent souvent les effets néfastes de leurs exploitations qui font souvent preuve de négligence dans la prévention des préjudices. »
Argument majeur des raffineries pour ne pas dévoiler leurs fournisseurs : la confidentialité des contrats. Mais pour l’organisation, cette raison ne tient pas. « Cette confidentialité est un peu à géométrie variable. C'est-à-dire que quand une raffinerie est épinglée par un rapport d'une ONG ou une enquête de journaliste, et que cette relation d'affaires est mise dans le domaine public, et là parfois quand ça devient vraiment grave, elle va soit stopper la relation d'affaires, ou soit communiquer publiquement par rapport aux mesures qu'elle a prises », détaille-t-il.
« On a vu ces cas avec les approvisionnements auprès de la compagnie minière russe Nordgold que ce soit au Burkina ou en Guinée où quand les raffineries ont été publiquement critiquées pour avoir cette relation d'affaires, elles ont tout simplement stoppé. Et là, elles en parlent ouvertement. On a l'impression que c'est un peu le la logique du “pas vu, pas pris” », ajoute Marc Ummel.
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La mine de North Mara, un cas d'école des problèmes associés au manque de transparence
Parmi les exemples pointés par le rapport, les violations des droits de l’Homme et des problèmes environnementaux rapportés par le Guardian (article en anglais) dans la mine de North Mara en Tanzanie. Un cas également documenté par l’ONG britannique RAID.
« Je pense que la mine de North Mara est une bonne illustration des problèmes potentiels associés au manque de transparence des raffineurs dans les mines auprès desquelles ils s'approvisionnent en or. Ainsi, de ce que nous avons compris, dans la mine de North Mara, la raffinerie MKS PAMP, s’y approvisionne en or depuis 2013 », dit Michael Elliot, chercheur pour l'ONG britannique RAID. « Mais jusqu'à ce que le Guardian publie son article, on ne le savait pas. Et il était donc compliqué de vérifier les allégations d'approvisionnement responsable concernant cet or provenant de cette mine, tout simplement parce qu'on ne savait pas où allait cet or. Les actions prises récemment dans cette mine sont donc essentiellement le résultat de la divulgation publique du nom du raffineur. »
Swissaid réalise une série de recommandations destinées aux différents acteurs de la filière allant de la publication des relations d’affaires des mines et des raffineries, à la révision des lois ou encore le renforcement des standards de l’or.
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