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Kenya: Lions Lights, l'entreprise qui éloigne les lions du bétail

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C'est une invention d’un jeune Masaï, Richard Turere : ce sont des lumières clignotantes qui fonctionnent à l’énergie solaire et permettent de tenir éloignés les lions. Car les conflits entre communautés pastorales et faune sauvage sont récurrents au Kenya. Mi-mai, le Kenya Wildlife Service, l’Agence kényane de préservation de la nature, tirait la sonnette d’alarme : dix lions avaient été tués en une semaine près du parc d’Amboseli, dans le sud du pays. Les « Lions Lights » sont donc vite devenus populaires.

Pour son invention, Richard Turere a été nommé parmi les trois finalistes du Prix des jeunes inventeurs de l’Office européen des brevets (OEB). Le résultat sera annoncé le 4 juillet.
Pour son invention, Richard Turere a été nommé parmi les trois finalistes du Prix des jeunes inventeurs de l’Office européen des brevets (OEB). Le résultat sera annoncé le 4 juillet. © Office Européen des brevets
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De notre correspondante à Nairobi,

La nuit tombe. Vaches et chèvres rentrent de leur journée de pâturage, guidées par les bergers masaï. Ils vivent à Kitengela, en bordure du parc national de Nairobi qui abrite une importante faune sauvage. Une rivière sert de frontière, mais certains endroits sont facilement franchissables, notamment par les lions. Richard Kuyayo en a fait l’expérience. Ce berger d’une soixantaine d’années vit ici depuis 12 ans, avec ces 24 chèvres et 120 vaches.

« C’est un sujet d’inquiétude, j’ai déjà perdu des chèvres à trois reprises à cause des lions. Ils viennent régulièrement parce que nous sommes sur leur chemin quand ils sortent du parc national. Le problème, c'est que nous n’avons pas d’autre emploi, il n’y a pas d’agriculture possible, le bétail, c’est notre mode de vie », raconte-t-il.

Richard Kuyayo a commencé à utiliser les « Lions Lights », il y a trois ans. Il dit avoir vu une vraie différence : « J’en mets trois de ce côté, deux de ce côté, et trois là-bas. Ces lumières nous ont vraiment aidés à sécuriser l’enclos des animaux. Depuis qu’on les a installés, nous n’avons pas eu d’autres attaques. »

Quelques mètres plus loin, des lumières clignotent autour d’un autre enclos. C’est celui où a grandi Richard Turere. Aujourd’hui âgé de 23 ans, le jeune masaï fasciné par les technologies a mis au point ces lions lights à 12 ans.

Plus de 2 000 foyers utilisent les « Lions Lights » au Kenya

 « J’étais en charge de surveiller le troupeau et une nuit, je me suis fait la réflexion que les lions ne venaient pas quand quelqu’un était en train de patrouiller avec une lampe torche, raconte le jeune homme. C’est de là qu’est venue l’idée pour Lions Lights. Les lumières clignotent et imitent ce que ferait une personne en train de marcher de nuit. Les lions ont l’impression que quelqu’un est réveillé et surveille, alors qu’il n’y a personne. »

Richard Turere a depuis beaucoup voyagé pour parler de son projet et a fait des études en conservation de l’environnement. En dix ans, l’entreprise Lions Lights a grandi : « Au Kenya en ce moment, il y a un peu plus de 2 000 foyers qui utilisent nos lumières. Mais l’on trouve aussi des "Lions Lights" en Tanzanie, au Botswana, au Zimbabwe, en Zambie et depuis récemment, en Argentine. Ce projet, qui a commencé tout petit, a vraiment pris de l’ampleur ! C’est parce que nous n’avons pas le choix : les humains doivent apprendre à coexister avec la faune sauvage, sinon l’un des deux finit par souffrir. »

Passionné par la protection des animaux, Richard Turere voit grand pour Lions Lights. La mise au point d’un système automatisé notamment où les lumières s’allumeraient lorsqu’un prédateur est détecté autour des enclos. Pour son invention, Richard Turere a été nommé parmi les trois finalistes du Prix des jeunes inventeurs de l’Office européen des brevets (OEB). Un prix qui récompense de jeunes innovateurs et innovatrices de 30 ans ou moins qui ont développé des solutions technologiques pour s’attaquer aux enjeux mondiaux de développement durable. Le résultat sera annoncé le 4 juillet.

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