En Côte d’Ivoire, les fruits de la passion ravagés par une maladie non identifiée
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Depuis deux à trois ans, il est de plus en plus difficile de trouver des fruits de la passion sur les étales des marchés ivoiriens. En 5 ans, le prix du fruit a été multiplié par six, passant de 500 à 3 000 francs CFA le kilo.

De notre correspondant à Abidjan,
Avec ses pétales violets, sa couronne de filaments bleu mauve et son architecture sophistiquée, la fleur de la passion est une splendeur de la nature. Malheureusement, cette année encore, elle est absente des champs de passiflore de Mamadou Soumahoro.
Ce jour-là, le cultivateur ne trouve aucun fruit dans son champ. Les feuilles jaunissent, les tiges brunissent et leur croissance est subitement stoppée. C’est la troisième fois qu’il va remplacer ses pieds de passiflore. Quelle est cette étrange maladie qui a contaminé tous les champs de passiflore du pays, d’Azaguié à Tiassalé ? Le cultivateur s’interroge.
« Aucune idée de son nom, c'est une maladie qui nous a surpris comme ça. Bon, je ne sais pas si c’est un truc du sol, mais seulement, je n’ai aucune idée de cette maladie-là. Toute la région, jusqu’à Tiassalé, il y a ce problème. J’ai des collègues là-bas, ils disent que c'est un problème pour avoir un sceau de passion. C’est une maladie générale, c’est un peu partout. »
La piste de la maladie de la tache brune ?
À la même époque, il y a trois ans, il récoltait 15 sacs de 50 kilos par semaine contre à peine 2 ou 3 l’année dernière. Mamadou Soumahoro n’est pas pour autant découragé et souhaite sauvegarder une activité naguère rentable. « J'insiste parce que c'est une culture qui nourrit son homme. Et puis c'est une culture que j'aime beaucoup. La passion est très passionnante », dit-il en riant.
Contacté, le CNRA, le Centre national de recherche agronomique, n’en sait pas plus. D’autres spécialistes évoquent la maladie de la tache brune. La plante grimpante luxuriante a besoin de beaucoup d’eau, elle apprécie les bas-fonds marécageux et le soleil. Avant d’être apprivoisée par les cultivateurs, elle poussait naturellement dans le sud-est du pays, rappelle Sylvestre Boni, pépiniériste à Azaguié Aoua.
« La passiflore à l'origine donnait naturellement. Mais comme il y a un manque de jachère à cause de la culture intensive de l'hévéa, des palmiers à huile, du cacao... c'est pour ça que cela ne donne pas. Aujourd'hui, vous n'allez pas trouver vingt personnes qui font de la passiflore, mais avant, il y en avait plus de 50 ans ici », rappelle Sylvestre Boni.
Le jus naturel de passion, souvent mélangé au jus de citron, autrefois un incontournable des maquis d’Abidjan, est désormais quasiment introuvable.
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