Deux mois après l'obtention d'un prêt du FMI, le Ghana se débat toujours avec la vie chère. Les 3 milliards de dollars accordés à Accra par l'institution de Bretton Woods n'a encore que des effets limités. Le Ghana, frappé de plein fouet par la double crise du Covid et de la guerre en Ukraine, a vu la spirale inflationniste stoppée nette. Pour autant, pour les consommateurs, la vie reste extrêmement chère et beaucoup sont surendettés.

De notre envoyé spécial à Accra,
À Makola, haut lieu du commerce au Ghana, l'effervescence est quotidienne. Mais les visages sont ceux des jours tristes. L'inflation est repartie à la hausse en mai dernier, plus de 42% sur un an. Maria est l'une des centaines de vendeuses de produits alimentaires, et attend, désespérément, un client. « Vous voyez mon pain et mon beurre. Avant, c'était 1,50 cédi maintenant, c'est 20 cédis. Je passe des heures sans vendre, et ça me fatigue trop ! », déplore-t-elle.
Lui aussi est un homme essoré par la crise économique ghanéenne. Mickael Blay est un commerçant installé depuis des années sur le grand marché du vêtement de seconde main. Les 3 milliards de dollars de prêt du FMI, il en a bien évidemment entendu parler, mais l'impact est minime selon lui. « 1 dollar vaut 11,4 cédis ghanéens. Donc rien n'a changé. Le cédi a même augmenté. Les effets du prêt du FMI ? Non, non, non, il n'y a eu aucun changement pour notre quotidien. Écoutez-moi bien : du fait de la crise, il y a moins de monnaie en circulation. Les prix restent très hauts. Au niveau monétaire, ça ne va pas, et la tension est toujours très forte », assène-t-il.
Aucune marge de manœuvre
Mais au niveau macroéconomique, Accra et le FMI insistent pour dire que ces 3 milliards de dollars doivent viabiliser la dette du Ghana. En attendant, le taux d'endettement des ménages ghanéens explose.
À Kantamanto, plus grand marché d'Afrique de seconde main, sur les 30 000 commerçants, seuls 20% réalisent des bénéfices. L'immense majorité, comme Mickael Blay n'a aucune marge de manœuvre. « On est endettés. Tout le monde l'est ici. On va voir les banques pour leur demander un prêt histoire d'avoir une avance de trésorerie. Mais les taux d'emprunt sont si hauts, 35% », regrette-t-il. « Juste pour les intérêts, je rembourse 800 cédis par mois, 9600 sur un an. C'est trop ! Et que se passe-t-il, quand tous vos revenus passent dans le remboursement de vos prêts ? Je suis père de famille. Tss, la vie est vraiment dure ces temps-ci. »
À 40 ans, Mickael Blay et sa femme, employée de banque, ont décidé de ne pas avoir un deuxième enfant. Conséquence aussi de la vie chère au Ghana.
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