RDC: l’Entreprise générale du cobalt bientôt opérationnelle
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L’Entreprise générale du cobalt (EGC) qui aura le monopole et le contrôle du cobalt issu de l’exploitation artisanale en RDC devrait être enfin opérationnelle. La Gécamines, actionnaire majoritaire à 95%, a annoncé en février doter cette société d’État de cinq carrés miniers destinés à l’exploitation minière artisanale. La création d’EGC devrait lui permettre d’assurer une chaîne d’approvisionnement de qualité sans violation des normes environnementales et des droits humains.

Avec notre correspondante à Lubumbashi, Denise Maheho
La nouvelle a été très bien accueillie par les milliers de mineurs artisanaux de la région du Katanga, car la plupart exploitent du cobalt illégalement sur des sites industriels. Mais Papy Nsenga, un exploitant artisanal de Kolwezi, est inquiet que l’ensemble des coopératives n’aient pas accès à ces carrés miniers. « Aujourd’hui, nous comptons plus de 200 000 exploitants artisanaux à Kolwezi. La ville enregistre plus d’une centaine des coopératives minières qui n’ont pas de sites propres, combien d’entre elles vont accéder à ces cinq carrés miniers ? », questionne-t-il.
Une inquiétude partagée par Shadrack Mukad, membre de la plateforme Comprendre et Agir dans le secteur minier, CASMIA. Le secteur minier artisanal est envahi par des acteurs politiques qui se cachent derrière des coopératives minières, estime-t-il. Quid de celles qui n’ont pas de soutien ? « Ceux qui ont été marginalisés, ces coopératives minières qui n’ont pas de parapluie politique devraient être privilégiées pour exploiter ces cinq carrés miniers que la Gécamines a accordés à l’EGC », estime Shadrack Mukad.
Traçabilité et meilleure rémunération
Pour sa part, l’Entreprise générale du Cobalt veut d’abord assainir la chaîne d’approvisionnement de ce minerai stratégique pour la transition énergétique. « D’abord, nous pourrons contrôler l’accès aux mines artisanales, ce qui veut dire plus de présence d’enfants et de personnes vulnérables, détaille Eric Kalala le directeur général d’EGC. Nous pourrons distribuer des équipements de protection individuelle aux mineurs. Nous pourrons lancer un programme de traçabilité et nous assurer d’une meilleure rémunération des artisanaux. »
Le directeur général assure qu’ils seront très stricts quant à l’attribution de ces carrés miniers. « Ceux qui se verront donner accès aux mines dont nous avons le contrôle, respecterons ces normes éthiques qui sont très exigeantes. Il en va de la sécurité des mineurs aussi de leur santé et aussi plus largement de l’exclusivité de la croissance issue de nos mines », assure-t-il.
Assainir l'ensemble du secteur
De son côté, la coalition Ne touche pas à mon Cobalt, une autre structure de la société civile, veut voir l’État congolais, qui détient 5% des parts dans EGC, apporter aussi son appui dans le cas de la mine de Kasulo qui est actuellement gérée par une entreprise chinoise.
Franck Fwamba est le coordonateur de l’organisation : « Nous demandons maintenant à l’État Congolais qui est coactionnaire dans EGC de céder la seule et unique zone artisanale de Kasulo qui est aussi une partie d’un permis de la Gécamines qui avait été prise pour créer une zone artisanale, afin d’assainir la chaine d’approvisionnement. »
En 2020, EGC avait déjà signé, avec le groupe Suisse Trafigura, un accord de commercialisation du cobalt artisanal de la RDC. En plus de sa production industrielle issue de la mine de Mustoshi à Kolwezi, Trafigura entend exporter entre 5 000 et 10 000 tonnes de cobalt provenant des mines artisanales.
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