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Congo-Brazzaville: des zones agricoles protégées pour assurer l'autosuffisance alimentaire

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Le potentiel agricole du Congo est très important. Le pays dispose au moins de 10 millions d’hectares de terres arables. Cependant, il dépend toujours des importations pour nourrir sa population estimée à 5 millions d’habitants. Des initiatives comme les « Nouveaux villages agricoles » n’ont pas apporté les résultats escomptés. Désormais, les autorités misent sur les Zones agricoles protégées (ZAP) pour assurer l’autosuffisance alimentaire, mais aussi garantir de l’emploi aux jeunes. 

Des grains de maïs récoltés sur leurs épis. Les Zones agricoles protégées sont des espaces exclusivement réservés à la production agricole, soustraits de la pression immobilière et industrielle..
Des grains de maïs récoltés sur leurs épis. Les Zones agricoles protégées sont des espaces exclusivement réservés à la production agricole, soustraits de la pression immobilière et industrielle.. © CC0 Pixabay/Vijaya Narasimha
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De notre correspondant à Brazzaville,

En partant de Brazzaville pour le nord du pays, après la rivière Léfini, Etsouali est la première localité du département des Plateaux, une région à vocation agricole. Etsouali abrite une Zone agricole protégée. Les exploitants installés là viennent de procéder à leur première récolte de maïs. Après la vente, ils jubilent. 

« On a fait un travail pendant cinq mois, aujourd’hui le résultat est favorable. Notre message est de dire aux enfants qu’à partir de l’agriculture, chacun peut être mieux qu’un fonctionnaire. Un agriculteur est libre de gérer ses revenus. J’ai pu avoir 1 090 000 francs CFA. Je ne m’attendais pas un jour à réunir une telle somme », racontent-ils tour à tour. 

Pas de pression immobilière et industrielle

Le maïs a été planté à une période où il pleuvait moins. Mais il a bien germé en raison de la fertilité du sol d’Etsouali. Ange Ngangoué vient de descendre de son tracteur. Bottes aux pieds, il a quelques billets de banque qu’il compte et recompte. Son argent va lui permettre de réaliser un important projet. « J’avais des problèmes pour finir ma maison. Ce que j’ai eu va me permettre de régler ce problème », affirme-t-il. 

Les Zones agricoles protégées sont des espaces exclusivement réservés à la production agricole, soustraits de la pression immobilière et industrielle. Au départ, les groupements qui les exploitent reçoivent de l’État des intrants et des tracteurs. Cette politique est jugée ambitieuse par Paul-Valentin, ministre de l’Agriculture. 

« Les ZAP nous permettent premièrement de faire face à ce défi de la sécurité alimentaire. Ce sont des acteurs qui sont souvent sur 100 hectares au moins. Vous voyez très bien que 100 hectares, ça fait beaucoup puisque que la moyenne des surfaces agricoles chez nous tournent autour de 0,5 ou un demi-hectare. Donc, en passant à 100 hectares, on augmente (forcément) mécaniquement la production agricole », argumente M. Ngobo. 

Vers une centaine de ZAP

Les ZAP doivent également limiter l’exode rural. « C’est l’une des réponses à la problématique du chômage. Ces acteurs sont en activités et selon le Bureau international du travail (BIT), ils ne sont plus de chômeurs », explique encore le ministre de l’Agriculture.    

Le Congo envisage de créer, à terme, une centaine de ZAP. Le maïs est la culture dominante dans les dix premières lancées à titre expérimental. « Nous faisons cette production de maïs parce que notre pays importe essentiellement des produits d’origine animale. Donc, si nous faisons du maïs, c’est pour disposer de cet intrant nécessaire à la production de l’aliment de bétail. Nous ne faisons pas que du maïs, nous privilégions également le soja, parce qu’il entre également dans la fabrication de l’aliment de bétail », affirme-t-il. 

En attendant un grand impact des ZAP, le Congo importe les denrées alimentaires pour 600 à 700 milliards de francs CFA par an.

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