Une addition salée pour le sucre nigérian

Le Nigeria va lancer en janvier prochain la deuxième phase de son Plan national du sucre. Une phase qui vise à assurer d'ici dix ans l'autosuffisance du géant ouest-africain. Mais la première phase n'a pas donné les résultats escomptés. 

Des paquets de canne à sucre à vendre sur un marché dans les rues de Kiyawa, au Nigeria. © Jorge Fernández / LightRocket via Getty Images

Les plans décennaux, c'est un peu comme l'espoir : ils font vivre même si l'on n'est pas certain du résultat. Le Nigeria l'a appris à ses dépens avec la première phase de son plan sucrier décennal, qui était censée réorganiser les filières de production et de transformation.

Si depuis 2013, le pays s'est bel et bien doté de capacités importantes de raffinage du sucre, en revanche, le volet production n'a pas donné les résultats escomptés. Le pays ne produit que 70 000 tonnes de sucre brut alors qu'il en consomme 25 fois plus. Conséquence, Abuja importe 1,8 million de tonnes chaque année, principalement du Brésil, pour une facture qui approche les 350 millions de dollars.

Des mesures insuffisantes ? 

L'addition est salée, et les autorités nigérianes espèrent qu'au terme de la deuxième phase du plan sucrier, en 2033, la production aura enfin décollé. Les grands raffineurs qui bénéficient d'incitations fiscales se voient demander en échange de produire davantage dans le pays. Mais rien ne garantit que cela suffise, car les investissements dans la canne à sucre sont coûteux, les questions foncières difficiles à gérer, et les capacités de raffinage, qui souvent conditionnent les décisions d'investissement dans les plantations, sont déjà largement excédentaires...

De plus, la politique de la Banque centrale qui limite strictement les sorties de devises, empêche les agriculteurs d'acheter des équipements de pointe. Le Nigeria a beau se donner dix années supplémentaires pour parvenir à l'autosuffisance en sucre, l'objectif parait hors de portée. Les rêves sucrés précèdent souvent des réveils amers.  

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