Afro-Club, le hit des platines

Seppo et Sallé John font danser Douala avec «Maladie d’Occupation»

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DJ Face Maker mixe les époques et les styles avec Seppo, Sallé John, Ozane, Dope Master et One Lyrical qui ouvrent le bal, pendant que Doc Gynéco ramène la touche rétro.

La chanteuse camerounaise Seppo
La chanteuse camerounaise Seppo © Steven's Music Entertainment
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Entre poussière et perfection, Dope Master revendique un rap « So Clean »

Le rappeur Dope Master, originaire de Guédiawaye, dans la banlieue de Dakar, est l’une des nouvelles voix du rap sénégalais, alliant puissance scénique, finesse d’écriture et ancrage social. Il puise dans son environnement l’inspiration de textes réalistes et percutants. On retrouve dans son écriture, l'observation du quotidien, l'humour et la revendication. Sa collaboration avec One Lyrical, autre plume respectée de la scène dakaroise, sur le titre « So Clean », marque les esprits. Le morceau, dont le titre signifie littéralement « si propre », joue sur une double lecture : D’un côté, l’affirmation d’un art « immaculé », soigné jusque dans la production et la diction. De l’autre, une revanche symbolique, celle d’un enfant du « ghetto » qui revendique aujourd’hui la propreté stylistique née de la « saleté » du quotidien. Ce contraste est tout le sel de la chanson. Musicalement, « So Clean » brille par une production léchée, entre trap et hip-hop moderne, avec un beat et des punchlines qui claquent.

Entre héritage et modernité, Ozane réinvente Bella Bellow avec « Nye Dzi »

Hosana Kokou Messan Kenou, alias Ozane, est de retour sur le devant de la scène musicale togolaise. Auteur, compositeur et chanteur, Ozane a été ambassadeur du Togo en finale du Prix Découvertes RFI 2018. Il a toujours su mêler exigence artistique et fierté culturelle. Avec son nouveau projet Togoland Vol. 1, il souhaite redonner vie à l’héritage musical de son pays à travers un concept de reprises. Le premier extrait, « Nye Dzi » (Mon cœur en éwé, ndlr), est un hommage vibrant à Bella Bellow, la légende intemporelle du Togo, dont il revisite ici un classique. Ozane réussit un pari audacieux : faire dialoguer la douceur nostalgique des années 70 avec l’énergie urbaine de 2025. Le résultat est un morceau à la fois émouvant et dansant, une lettre d’amour au Togo et à sa musique. L’idée de ce remix est venue dans la tête d'Ozane après avoir entendu sa mère fredonner le titre original un matin. « J’ai compris que le cœur du Togo battait toujours, il fallait juste lui donner un nouveau tempo » a-t-il déclaré. Et c’est exactement ce qu’il a fait.

Humour, makossa et message social signés Seppo & Sallé John : « Maladie d'occupation »

Seppo conjugue audace et authenticité dans son art et s’impose par une voix puissante et lumineuse, capable de naviguer entre makossa traditionnel et afropop. Pourtant, avant d’embrasser la scène, Seppo menait une carrière bien différente : ingénieure diplômée et salariée dans un poste hautement rémunéré, elle a pris la décision radicale de tout quitter pour vivre de sa passion musicale. Aujourd’hui signée chez Steven’s Music Entertainment, elle confirme son ascension avec le titre « Maladie d’Occupation », en duo inattendu avec la légende Sallé John, pilier du makossa. « Arrêtez le sabotage, maladie d’occupation ! » scande Seppo dans le refrain déjà repris en chœur dans les rues de Douala. Le terme « maladie d’occupation », typiquement camerounais, y est détourné pour désigner ces gens « qui n’ont rien à faire » sinon se mêler de la vie des autres. Comme elle l’a dit lors d’une interview : « Je ne soigne pas les cancres du travail, je les fais danser ! » Avec ce tube, Seppo livre donc une véritable cure musicale contre l’oisiveté, une satire sociale sur un temps irrésistible.

La séquence rétro du jeudi : « Né Ici » de Fabolous et Tamia

Doc Gynéco, de son vrai nom Bruno Beausir, est l’un des artistes les plus singuliers du rap français des années 1990. Né à Paris, dans le 18ᵉ arrondissement, de parents guadeloupéens, il grandit entre la Porte de la Chapelle et les échos chaleureux des Antilles, un double héritage culturel qui deviendra la matrice de toute son œuvre. Ancien membre du collectif Ministère A.M.E.R., il s’impose en solo avec un style radicalement différent : un rap doux et mélodique, inspiré du G-Funk californien, enregistré à Los Angeles pour son album culte Première Consultation (1996). Loin des codes agressifs du rap militant de l’époque, Doc Gynéco invente un nouveau ton : nonchalant, poétique, ironique, presque sensuel. C’est avec « Né ici », sorti en 1997, qu’il touche le cœur du public. Ce morceau emblématique, porté par une basse chaloupée et des chœurs féminins soyeux, peint avec tendresse et lucidité la fracture identitaire d’une génération issue de l’immigration : celle qui rêve encore de la Guadeloupe tout en affrontant la grisaille de Paris. Le refrain, devenu culte « Ma mère est née là-bas, mon père est né là-bas, moi je suis né ici », résume ce sentiment d’entre-deux qui parlera à toute la diaspora. En somme, « Né ici » est un paradoxe lumineux : une mélodie mélancolique sur l’exil intérieur, un tube d’été aux airs de blues, et le premier morceau à faire résonner la voix antillaise de la diaspora dans les radios grand public.

Une sélection disponible exclusivement dans la playlist Afro-Club sur Deezer, Spotify et sur la chaîne YouTube de RFI Musique.

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