Le milliardaire britannique James Ratcliffe lance son 4x4 en France
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Aujourd’hui l’Économie, le portrait s’intéresse au milliardaire britannique James Ratcliffe, pro-Brexit et fondateur d’Ineos, géant mondial de la pétrochimie. Il vient de racheter l’usine de Daimler à Hambach dans l’est de la France pour fabriquer un nouveau 4x4 tout terrain.

Au volant d’un prototype, sur un terrain boueux et accidenté James Ratcliffe, la mèche rebelle, fait la pub de son futur 4x4 Grenadier. Réputé pour ses acquisitions offensives, ce défenseur du Brexit a choisi la France pour réaliser son rêve automobile. Un choix décrié outre-Manche, mais une aubaine pour les 1 300 salariés de Smart, propriété de Daimler, menacé de fermeture.
« Il voulait à la base fabriquer une partie de la production au Portugal et au Pays de Galles, mais cela aurait pris plus de temps, explique Mario Mutzette, délégué syndical CFE-CGC de Smart. Il a vu qu’il avait une usine clé en main, avec des salariés compétents, prêts à être efficaces tout de suite, donc cela permet dans ce projet de maintenir les emplois. En fait, Ineos va devenir un fabriquant de Daimler pour la Smart puisqu’on la continue jusqu’en 2024 et en parallèle jusqu’en 2022, le temps de modifier un peu les installations pour accueillir le Grenadier. Le produit en lui-même est bien pensé. Industriellement et professionnellement, c’est le début d’un constructeur, le début d’une marque. C’est excitant au niveau professionnel. »
James Ratcliffe, 68 ans, vient d’une famille modeste de la banlieue industrielle de Manchester. Son père est menuisier et sa mère employée de bureau. De la fenêtre de sa chambre, il observe la fumée sortir des cheminées des usines. Des usines, il en rachètera plus d’une et deviendra l'entrepreneur le plus riche du Royaume-Uni en 2018, avec une fortune estimée à 26 milliards de dollars. Fortune qu’il a transféré il y a deux ans où la fiscalité est avantageuse.
Lors d’une conférence à la London Business School où il a aussi étudié la finance, il revient sur son parcours: « J’ai toujours eu envie quelque part de créer quelque chose. J’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur chimiste, puis travaillé chez Esso, la compagnie pétrolière, puis chez Courtaulds, les textiles synthétiques, et vers 35 ans, j’ai reçu un coup de fil d’un chasseur de tête qui m’a demandé si je voulais me lancer dans le monde du capital risque. J’ai dit oui parce que cela me permettait de tripler mon salaire, et d’obtenir une BMW 5350 ! J’ai dit oui surtout parce que j’ai vu là le moyen de devenir entrepreneur. Ma première acquisition a été une catastrophe, mais j’ai appris, et j’en ai réussi d’autres. Puis, j’ai pu racheter la branche chimie de BP en 1992. J’ai dû hypothéquer ma maison, tout ce que je possédais… Il y a intérêt à être très concentré », assure-t-il.
Six ans plus tard, James Ratcliffe fonde Ineos et produit de tout : des huiles et plastiques synthétiques aux solvants utilisés pour fabriquer de l'insuline et des antibiotiques. Aujourd’hui, Ineos, ce sont 23 000 employés dans 26 pays et des ventes annuelles de 61 milliards de dollars.
Parfois surnommé Dr. No, le méchant du premier James Bond, l’homme d’affaires n’en est pas à un paradoxe près. Il menace de fermer une usine en Angleterre pour être exempté de la taxe climat, mais il investit par ailleurs en faveur de l’environnement.
Patrick Vuillermoz, directeur général de Plastipolis, une entreprise de la plasturgie, travaille avec Ineos depuis 4 ans. « C’est une société qui bouge pas mal c’est le moins qu’on puisse dire, relève-t-il. Ce que je trouve intéressant, c’est que c’est une société qui investit dans l’innovation par des partenariats, des rachats très ambitieux, en particulier dans un domaine qui nous concerne beaucoup, le recyclage des produits plastiques. Que ce soit un emballage, une carrosserie, un revêtement de sol ou une fenêtre. L'idée, c’est de trouver la solution pour que ce déchet n’en soit plus un et que ce soit une ressource. Ils ont monté des partenariats en Angleterre avec Plastic Energie sur une technologie de recyclage par pyrolyse, c’est une manière de traiter les déchets à chaud pour les retravailler. Ils vont vite et c’est un signe important pour cette industrie, car en Europe, on souffre depuis des années du départ en Asie des grands chimistes. Donc c’est intéressant d’avoir une société d’ancrage européen pour traiter ces grands sujets », explique-t-il.
Anobli Sir James Arthur Ratcliffe, ce sportif infatigable, qui est même parti en expédition sur les pôles Nord et Sud avec son père, continue d’élargir son empire. Il a racheté le club de football du FC Lausanne en 2018, l’OGC Nice et l’équipe cycliste SKY, remportant le Tour de France en 2019. Il a aussi investi 110 millions d’euros dans l’équipe de voile Ineos Team UK et ambitionne de remporter la Coupe de l’America en 2021.
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