Pourquoi le Brexit menace la prospérité de la City de Londres
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Depuis que les Britanniques ont décidé de quitter l’Union européenne (UE), les Européens fantasment sur un transfert massif des activités de la City vers le continent. L'exode des services financiers n’a pas eu lieu, mais en ce premier jour du Brexit, les marchés londoniens se posent encore beaucoup de questions sur leur avenir.

Le dossier a été mis de côté dans les discussions du divorce. Boris Johnson a privilégié la cause des pêcheurs, une cause économiquement négligeable, mais politiquement, électoralement tellement plus rentable que celle des traders. Pourtant, la finance joue un rôle substantiel dans l'économie britannique. La City est l'une des plus grandes places financières au monde.
Parmi la palette de ses services, on trouve entre autre le plus grand marché des changes, où l’on achète ou vend des devises. Elle fait travailler plus d'un million de personnes à Londres et son chiffre d'affaires représente 7% du PIB britannique. Ses principaux clients sont dans les 27 pays-membres de l'Union européenne. C'est pourquoi l’avenir des services financiers britanniques a une importance cruciale des deux côtés de la Manche.
Côte UE, la crainte d'une défaillance des marchés financiers à cause du Brexit
Bruxelles a refusé de concéder le fameux passeport financier qui aurait permis la continuité des activités, et donne des équivalences au compte-goutte pour chaque activité, selon son bon vouloir. La City n’en n’a obtenu que deux pour le moment alors que la bourse de New York dispose d’une vingtaine de ces équivalences. Face à cette intransigeance, l'autorité britannique des marchés financiers a annoncé que les intervenants de la City pourraient utiliser les plateformes européennes pour le marché des actions libellés en euro, et depuis hier également pour les swaps, des produits financiers qui permettent de jouer sur la différence des taux d’intérêts.
La City espère trouver un arrangement dans les prochains mois pour effectuer ces transactions sur des places américaines. Derrière cette position très dogmatique, très politique, la Commission est en fait beaucoup plus pragmatique car les bourses continentales n’ont pour le moment ni les compétences, ni les technologies, pour assurer un certain nombre de missions indispensables au bon fonctionnement des opérations financières dont peuvent avoir besoin les entreprises européennes.
Sans les équivalences souhaitées, le début du déclin ?
Ses activités pourraient progressivement migrer vers le continent. Une partie des actifs bancaires ont déjà été transféré vers Francfort. Si cette hémorragie continue, la City pourrait se vider de sa substance car les activités financières prospèrent en général là où se trouve l’argent. Pour le moment seulement 10 000 emplois ont été transférés sur le continent.
On ne peut pas dire que les jours de la City sont comptés dans un avenir proche. La place de Londres s’active déjà pour trouver d’autres débouchés, dans la finance verte ou les fintechs. Elle pourrait aussi déréguler ses marchés pour attirer plus de capitaux. Une option qui n’est pas sans risque pour l’économie britannique. En cas de surchauffe sur les marchés, de krachs, plus les volumes d'échanges sont importants, plus les conséquences peuvent être dévastatrices pour l'économie réelle.
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