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Covid-19 en Russie: pourquoi Vladimir Poutine ne veut pas reconfiner?

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La Russie a enregistré un record de contaminations ces derniers jours avec plus de 25 000 nouveaux cas pour la seule journée de dimanche. Le bilan humain est lui dramatique avec un pic à 697 morts ce samedi. Mais Vladimir Poutine, le président russe, refuse de reconfiner la population par peur de plomber une économie déjà fragile.

Un employé d'un restaurant moscovite vérifie le QR code du pass sanitaire d'une cliente, attestant de sa vaccination contre le Covid-19. 22 juin 2021
Un employé d'un restaurant moscovite vérifie le QR code du pass sanitaire d'une cliente, attestant de sa vaccination contre le Covid-19. 22 juin 2021 AP - Pavel Golovkin
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Pour le chef du Kremlin, pas question de recourir aux mesures fortes du printemps 2020. En avril dernier, Vladimir Poutine affirmait que le plus important était « d’assurer la croissance des revenus des citoyens ». Car le pouvoir d'achat des ménages russes est en chute libre, et ce depuis de nombreuses années bien que la pandémie ait accentué le phénomène. La consommation a pour autant enregistré un fort rebond ces derniers mois, signe de la reprise en cours. Les ventes au détail ont notamment bondit de plus de 27 % sur un an. C'est cette dynamique vertueuse pour l'économie Russe que le président cherche à maintenir.

Le maintien du public pendant l'Euro de football a offert une illustration symbolique de cette doctrine. Le stade de Saint-Pétersbourg, ville où le variant delta flambe actuellement, a accueilli près de 30 000 spectateurs pour le quart de finale opposant la Suisse à l'Espagne, avec une jauge limitée à 50%.

Une situation économique fragile

Aujourd'hui, l'économie russe est en proie à une inflation galopante qui a fait augmenter le niveau global des prix de 6% en un an. Les hausses du coût de produits de base tels que le sucre, l'huile et les céréales sont préoccupantes pour le gouvernement qui cherche à réguler le marché. Le taux de chômage lui, se stabilise autour de 4,9% de la population active, ce qui est proche de son niveau avant la pandémie mais il pourrait augmenter en cas de confinement.

Pour éviter ce scénario, la présidence russe compte notamment sur un rebond de la croissance économique en 2021. Il a déjà réussi à limiter la contraction du produit intérieur brut russe à seulement 3,1% en 2020. Depuis le début de la pandémie, Vladimir Poutine s’est montré réticent à mettre en œuvre des mesures de confinement, laissant cette tâche aux gouverneurs de région, à qui il a donné pour consigne de préserver l’économie en premier et la santé ensuite.

L'espoir d'une reprise du marché du pétrole

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait réduit l'année dernière sa production de près de 10 millions de barils par jour – un record – face à la chute de l'activité provoquée par la crise sanitaire. La Russie, très dépendante de ses exportations de brut dont elle est le deuxième producteur mondial, a été très touchée par cette situation sans précédent du marché pétrolier, qui a entraîné sa monnaie, le rouble, vers des plus bas vertigineux.

Aujourd'hui, Moscou veut augmenter sa production afin de conserver ses parts de marché face aux producteurs de schiste américains, mais ce lundi 5 juillet 2021, les membres du cartel de l’Opep ont échoué à trouver un terrain d'entente sur le sujet épineux des quotas de production.

Un salut qui viendra de la vaccination ?

La campagne de vaccination, lancée en décembre dernier, n'a pour l'instant convaincu que 23,6 millions de Russes soit 16% de la population. Pour inciter la population à sauter le pas, un passe sanitaire a notamment été mis en place à Moscou pour permettre l'accès aux cafés et restaurants. Suite à ces mesures, ces derniers ont vu leur chiffre d’affaires chuter de 90%.

La capitale russe a également lancé une campagne de revaccination pour les personnes ayant reçu leurs deux premières doses il y a plus de six mois. Il leur est proposé une troisième injection pour renforcer encore leurs défenses immunitaires.

Le télétravail est également de nouveau obligatoire à Moscou pour une partie des employés et la vaccination obligatoire pour les salariés du secteur des services. De plus en plus de régions russes suivent le mouvement. L’accès aux stations balnéaires du sud du pays sera bientôt réservé aux vaccinés et l'on évoque même des retenus sur les salaires pour les personnes qui refuseraient encore de franchir le pas.

Si le Kremlin a reconnu ne pas être capable d'atteindre son objectif de 60% de vaccinés d’ici au mois d'août 2021, Vladimir Poutine reste opposé à toute obligation vaccinale à l'échelle du pays.

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