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Inégalités: le fossé se creuse, les multinationales appelées à contribuer

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En 2021, les inégalités se sont encore un peu plus creusées au niveau mondial. Les différents indicateurs et rapports internationaux vont tous dans le même sens.

Les Gafam ont enregistré en 2021 des profits records, profitant de l'impact de la pandémie sur la publicité en ligne, le commerce électronique ou encore les dépenses de consommation.
Les Gafam ont enregistré en 2021 des profits records, profitant de l'impact de la pandémie sur la publicité en ligne, le commerce électronique ou encore les dépenses de consommation. © JUSTIN TALLIS AFP/Archivos
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Les inégalités sont revenues au niveau de celles du début du XXème siècle. Dans un récent rapport codirigé par l’économiste français Thomas Piketty, le Laboratoire sur les inégalités mondiales constate que les riches sont de plus en plus riches. Les personnes se situant dans les 50% les plus pauvres possèdent 2% du patrimoine mondial, quand les 10% les plus aisés accaparent 76%. Le fossé se creuse dans toutes les régions du monde. C’est particulièrement le cas au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Amérique Latine qui remporte la palme de l’inégalité.

Au niveau mondial, les  10% les plus riches gagnent 38 fois plus que les 50% les plus pauvres

La pandémie n’a rien arrangé. Elle a même été un véritable accélérateur de ces inégalités constatent plusieurs études. Quatre cent millions de personnes avaient perdu leur emploi en 2020. La reprise économique de cette année n’a pas permis de combler le retard. Le monde accuse toujours un déficit de plus de 130 millions d'emplois par rapport au niveau d'avant crise. 

Les populations s’appauvrissent quand les multinationales font des profits

Les grands gagnants des confinements que sont Apple, Amazon ou encore Netflix ont poursuivi leur ascension en 2021. Les fameux Gafam enregistrent des profits records profitant de l'impact de la pandémie sur la publicité en ligne, le commerce électronique ou encore les dépenses de consommation. 

Plus problématiques, malgré la pandémie, ces multinationales ont continué de privilégier les actionnaires. L’organisation humanitaire Oxfam reprend en détail les rapports d’activités de ces grands groupes. Par exemple, entre janvier et juillet 2020, les six plus grandes compagnies pétrolières mondiales enregistraient une perte nette combinée de 61,7 milliards de dollars et reversaient dans la même période 31 milliards de dollars aux actionnaires.  

Un accord pour la taxation des multinationales

Et c'est dans ce contexte qu'en octobre 2021, 136 pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économique, l’OCDE, ont trouvé un accord pour la taxation des multinationales.

Un accord « historique » pour l’OCDE, qui permettra aux États de toucher 150 milliards d'euros de recettes supplémentaires. Il s’agit d’une réforme majeure du système fiscal international puisqu’elle prévoit d’instaurer un impôt minimum de 15% sur les bénéfices des multinationales qui réalisent un chiffre d’affaire d’au moins 750 millions d’euros. L’accord prévoit également que les grands groupes, notamment ceux du numérique, devront accepter d’être taxés dans les pays où sont situés leurs utilisateurs et pas seulement là où sont situés leurs bureaux comme c’est encore le cas. Une façon de lutter contre l’évitement fiscal de ces multinationales. Un des exemples les plus criant avec Google, Facebook et Apple notamment, domiciliés en Irlande qui propose l’un des taux d’imposition sur les sociétés les plus bas du monde

Ce nouvel accord des pays de l’OCDE entrera en vigueur à partir de 2023

Et cet impôt mondial ne fait pas l’unanimité. D’ailleurs il a fallu convaincre certains pays réticents. Cette taxe a été obtenue de haute lutte. Les paradis fiscaux européens ne le souhaitaient pas. Ils ont fini par signer. 

Mais il y a les pays qui ne signeront pas cet accord car ils estiment que 15% ça n’est pas assez. C’est le cas du Pakistan, du Kenya ou du Nigéria. En Afrique subsaharienne, le taux moyen d’imposition sur les entreprises est de 25,5 %. Ces pays ne veulent pas prendre le risque de perdre des recettes fiscales plutôt que d’en récolter de nouvelles.

Cette nouvelle taxe a toutefois été applaudie un peu partout dans le monde. Les experts du Laboratoire sur les inégalités mondiales font même une proposition. S’inspirer de cet impôt sur les multinationales et l’appliquer aux milliardaires. Ils imaginent également une taxe carbone proportionnelle à l'empreinte climatique individuelle. Une empreinte plus grande chez les riches que les autres.

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