L’inflation élevée qui a marqué le paysage économique mondial en 2021 n’est pas aussi provisoire qu'on le pensait. Elle va se prolonger en 2022. Ce phénomène est un casse-tête pour les banques centrales qui devront maitriser cette hausse des prix, sans casser la reprise économique.

Après une année 2020 marquée par un arrêt de l’économie mondiale en raison du Covid-19, la forte reprise économique surtout dans les pays développés a fait exploser la demande que ce soit pour les biens de consommation ou les biens intermédiaires. En face, l’offre a eu du mal à suivre. Cette situation a provoqué des pénuries de matières premières et par conséquence une forte hausse du cours de ces dernières, notamment ceux des hydrocarbures. Le secteur de l’électronique connait lui aussi des pénuries, notamment de semi-conducteurs, pénalisant fortement par exemple la production automobile. Les goulots d’étranglements dans de nombreux ports du monde et l’explosion des prix du transport maritimes sont d’autres facteurs qui ont contribué à l’inflation qui n'épargne presque aucune région du monde.
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Pour maitriser cette hausse des prix, les banques centrales disposent d'un outil : les taux directeurs. En relevant leurs taux d’intérêt à court terme, les banques centrales ralentissent l'accès au crédit, ce qui réduit la masse monétaire en circulation. Plusieurs banques de pays émergents ont déjà relevé leurs taux. C’est le cas au Mexique, au Brésil, en Russie mais également en Angleterre ou encore en Norvège.
Aux États-Unis, où l’inflation est au plus haut depuis 40 ans, la Réserve fédérale américaine (FED) envisage trois hausses de taux en 2022. Il s’agit pour l’instant de prévisions, en revanche la FED est plus décidée dans sa politique de réduction d’achats d’actifs qu’elle veut ramener à zéro en mars 2022.
Autre stratégie, la Banque centrale européenne (BCE) a elle choisi de ne pas relever les taux l’an prochain. Pour les dirigeants de la BCE, la propagation d’Omicron génère de l'incertitude ce qui veut dire que l’activité dans la zone euro pourrait en souffrir. La Banque centrale européenne craint en effet qu’un resserrement de sa politique monétaire ne freine la reprise économique post-Covid. D’autant que l’augmentation des taux pourrait avoir un impact sur certains États européens très endettés qui se financent à des coûts très bas.
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Les banques centrales des pays riches savent que des hausses des taux rapides et trop fortes peuvent être inefficaces et ralentir une croissance encore fragile.
C’est pour cette raison que la FED, la plus puissante banque centrale du monde, n’a fait que des annonces pour l’année prochaine. Elle se laisse le temps de voir si l’inflation s’enracine et si le nouveau variant du Covid-19 pèsera sur l’activité économique avant de passer à l’action. Christopher Waller, un des membres du conseil des gouverneurs de la FED l'a dit ouvertement en affirmant que le moment approprié pour une première hausse dépendra de l'évolution de l'activité économique.
Il est donc difficile de savoir ce que vont faire les banques centrales en 2022, d’autant que la situation sanitaire reste très fragile.
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