Aujourd'hui l'économie

Les banques centrales sur le pont face à l’inflation

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Aux Etats-Unis le retour de l’inflation a été confirmé par le dernier chiffre publié hier mercredi : en décembre 2021, la hausse des prix a atteint 7% en rythme annuel. Du jamais vu depuis quarante ans. Les banques centrales sont mobilisées pour mater cette flambée. Une action qui n’est pas sans risque. 

Aux États-Unis, où l’inflation est au plus haut depuis 40 ans, la Réserve fédérale américaine (FED) envisage trois hausses de taux en 2022.
Aux États-Unis, où l’inflation est au plus haut depuis 40 ans, la Réserve fédérale américaine (FED) envisage trois hausses de taux en 2022. © AP - Andrew Harnik
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C’est le rôle de la banque centrale, plus exactement de la Réserve fédérale américaine (Fed), puisque l’inflation est surtout pour le moment un phénomène américain. Les prix flambent aussi au Royaume-Uni et la Banque d’Angleterre a déjà dégainé en relevant légèrement les taux d’intérêt. Mais vu l’importance de l’économie américaine et du dollar dans les échanges mondiaux, c’est surtout l’action de la Fed qui sera suivie de près.

Son remède, la hausse des taux : c’est l’arme fatale face à l’inflation. Une arme qui peut aussi être létale, puisque en augmentant le loyer de l’argent, on ralentit l’activité économique. Une banque centrale qui s’empresse de jouer au pompier pour mater la hausse des prix peut se retrouver dans la position du pyromane qui détruit l’économie et qui plonge ainsi le pays dans la récession.   

L’un des gouverneurs de la Fed pense qu’elle pourrait recourir à quatre hausse des taux en 2022 

La Fed communique beaucoup pour préparer les investisseurs et éviter la panique, d’ailleurs cela marche plutôt bien, puisque le chiffre publié mercredi a laissé les marchés indifférents. Ils avaient en tête les annonces précédentes de Jay Powell, le gouverneur de la Fed. Ce qui va compliquer la tâche du premier argentier du monde, c’est l’attitude de ses collègues, qui ont pour habitude de suivre tôt ou tard la voie tracée à Washington. Mais pour le moment leurs intérêts sont divergents. 

En Europe, la BCE n’envisage pas de relever les taux 

Elle affirme que la hausse des prix va rester contenue. Et si elle ne se presse pas de relever des taux, ce qui pourrait couper l’élan de la reprise, c’est aussi parce que certains Etats membres de la zone euro pourraient en souffrir. Il faut à tout prix éviter le retour de la crise de la dette ; elle pourrait resurgir si les taux remontent trop vite et asphyxient les maillons faibles.

L’Italie, l’un des pays les plus endettés de la zone euro, sera le baromètre de l’année 2022 confrontée à l’inflation. Enfin il y a un autre acteur de poids qui est à contre-courant et c’est inhabituel, c’est la Banque populaire de Chine. Elle aussi suit traditionnellement la voie tracée par la Fed, mais cette fois c’est différent. Avec le feuilleton de la faillite d’Evergrande le géant de l’immobilier, elle redoute la contamination à l’économie et se garde bien de freiner la machine, bien au contraire, elle va soutenir l’économie chinoise en injectant des liquidités. 

Il y a donc de quoi nourrir encore la spéculation sur les marchés 

Tout à fait : l’argent continue à être bon marché dans des grandes régions du monde. C’est bon pour la bourse. Et cela profite aussi aux cryptomonnaies. Ces nouveaux actifs hyper spéculatifs ont certes pris un coup de massue en début d’année avec le retour de la flambée des prix. Mais elles sont aussi devenues des boucliers anti-inflation, surtout dans les pays émergents, où les ménages, les entreprises désemparées par la hausse des prix et la baisse de leur monnaie investissent une partie de leur épargne en bitcoin ou en ses avatars. Les Turcs par exemple privilégient le tether parce qu’il est adossé au dollar.  

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