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L’Occident renforce les sanctions contre la Russie

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Les Occidentaux poursuivent leur travail de sanctions et d'isolement économique de la Russie. Parviendront-ils à étrangler l'économie russe et avec quelle incidence sur le conflit ?

Des logos sont exposés devant une succursale à Moscou de la VTB, 2e banque de Russie. Moscou, le 30 mai 2019.
Des logos sont exposés devant une succursale à Moscou de la VTB, 2e banque de Russie. Moscou, le 30 mai 2019. © REUTERS/Evgenia Novozhenina
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Deux mouvements conjoints sont en train de prendre en étau l'économie russe. Avec d'un côté les sanctions décidées par les gouvernements et, de l'autre, les retraits en cascade des entreprises privées. À partir de ce mercredi, sept banques russes doivent être bannies du système Swift, dont la deuxième du pays, la VTB ; à noter que d'autres banques pourraient être concernées, et également des établissements biélorusses. Les ministres des Finances du G7 se sont réunis hier, mardi 1er mars, avec leur collègue ukrainien pour étudier de nouvelles pistes de représailles, elles doivent être annoncées dans les prochains jours, a promis le ministre allemand. Janet Yellen précise que les oligarques sont dans le viseur des sept pays les plus riches de la planète. Les 27 planchent également sur un nouveau train de mesures. Après l'espace aérien, l'accès à la mer pourrait prochainement se refermer. Les Britanniques veulent interdire leurs ports aux navires russes, les pays membres de l'UE y réfléchissent.

Les grands armateurs ont pris les devants, ils ne veulent plus desservir les ports russes

Le Danois Maersk, l'Italo-Suisse MSC et le Français CMA CGM ne prennent plus de commandes au départ ou à destination de la Russie, sauf pour le transport des biens essentiels comme la nourriture ou les médicaments. Une décision prise pour des raisons de sécurité, mais aussi à cause des sanctions qui compliquent le paiement du fret. Visa, Mastercard et Amex à leur tour excluent les banques russes pour respecter les sanctions. D'autres grands groupes américains renoncent au marché russe. Apple suspend la vente de tous ses produits, Boeing ses activités de maintenance au service des compagnies russes. Et, enfin, Exxon Mobil se retire de l'exploitation du gaz et du brut de Sakhaline, un méga gisement que la compagnie pétrolière américaine gère depuis vingt-sept ans. Exxon Mobil a une participation de 30% dans ce consortium.

L'énergie reste néanmoins épargnée par les sanctions ?

Effectivement, il n'est pas question pour le moment de renoncer au pétrole et surtout au gaz russe. Les 27 ne savent pas s'en passer, 40% de leurs importations gazières en dépendent. Les banques russes dédiées au commerce des hydrocarbures n'ont donc pas été exclues de Swift et les États-Unis exemptent les entreprises pétrolières russes de l'embargo sur les semi-conducteurs pour éviter la paralysie de leurs installations. Les Occidentaux, déjà préoccupés par le retour de l'inflation, veulent à tout prix éviter un choc énergétique majeur qui serait dévastateur pour leurs économies. En même temps, de fait on voit les majors abandonner la Russie, cela pourrait ralentir la production, et on constate que le commerce du pétrole russe a commencé à diminuer. Par crainte des retombées des sanctions, les acteurs des marchés pétroliers évitent cette origine ; le pétrole de l'Oural proposé avec une décote de 15 dollars par rapport au prix du Brent a du mal à trouver preneur en ce moment. Les livraisons des contrats passés avant l'invasion sont assurées, mais les flux pourraient s'assécher dans les prochaines semaines, faute d'acheteur.

Cela signifie que les sanctions sont efficaces ?

Les Occidentaux étant très déterminés et parfaitement coordonnés, les sanctions ont le pouvoir de « provoquer l'effondrement de l'économie russe », comme l'a maladroitement indiqué hier le ministre français de l'Économie ; Bruno Le Maire est d'ailleurs revenu sur ses propos belliqueux. Le but des sanctions n'étant pas de détruire un pays, mais de faire changer d'avis ses dirigeants. Dans les faits, jamais aucun régime de sanctions n'a abouti à ses fins, on voit mal Vladimir Poutine céder à cette pression, il s'y est préparé. Mais ces sanctions vont porter un coup au portefeuille et au moral des citoyens russes. Reste à savoir si le peuple aura un sursaut nationaliste ou, au contraire, s'il prendra ses distances avec le chef du Kremlin.

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