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Economie: les défaillances d’entreprises repartent à la hausse dans le monde

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Alors que les plus riches des patrons de ce monde sont de retour au Forum de Davos en Suisse, plusieurs études récentes pointent le retour des défaillances d'entreprises à l'échelle mondiale. Après deux ans de soutien des Etats dans le cadre de la crise sanitaire, les perturbations liées à la guerre en Ukraine et la fin des politiques accommodantes des banques centrales mettent leurs trésoreries sous pression : le groupe Allianz Trade estime que le nombre d'entreprises qui ne peuvent plus rembourser leurs créances va augmenter cette année.

Le Forum économique mondial se tient depuis ce 22 mai 2022 à Davos en Suisse.
Le Forum économique mondial se tient depuis ce 22 mai 2022 à Davos en Suisse. AFP - FABRICE COFFRINI
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Après deux années stables, et même en 2021 un niveau bas record pour les défaillances constatées, le leader de l'assurance-crédit évalue la hausse à 10% pour 2022. La tendance commence donc à s'inverser.

Bien sûr, cela est à mettre au compte des difficultés qui s'accumulent au niveau mondial. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a aggravé la hausse des prix, ceux des énergies en particulier. Quant aux perturbations qui affectent les chaînes d'approvisionnements, les pénuries d'intrants et de main d’œuvre, elles continuent de sévir. Alors que désormais, la hausse des taux directeurs de plusieurs banques centrales va forcément aggraver les conditions de refinancement de ces entreprises.

Cela annonce selon Allianz Trade, le retour dès cette année, des niveaux de défaillances d'avant crise pour un tiers des 44 pays scrutés dans l'étude.

En Europe et aux Etats-Unis, les entreprises massivement soutenus par les gouvernements tirent leur épingle du jeu

On l'a bien vu pendant la crise sanitaire, le soutien des Etats aux entreprises n'était pas le même partout. Dans ces deux régions, non seulement le nombre de sociétés au bord du défaut de paiement n'a pas explosé. Mais les entreprises cotées ont même pu maintenir un bon niveau de liquidités en répercutant notamment les hausses de coûts sur leur prix de vente. En Chine, le soutien public aux entreprises parvient aussi à maintenir artificiellement bas le niveau des défaillances même si le durcissement de l'accès au crédit a fait chavirer en six mois deux mastodontes de l'immobilier Evergrande, et Sunac.

Mais la marge de manœuvre des États commence à se réduire

En France, où on a commencé à constater une hausse des défaillances au premier trimestre. Le gouvernement tout juste formé souhaité continuer à accompagner les entreprises via les dispositifs de chômage partiel et les prêts garantis par l'État au moins jusqu’à la fin de l'année notamment pour préserver l'emploi et partant le pouvoir d'achat. Mais ce soutien sera forcément amené à être plus réduit, plus ciblé. Le resserrement des politiques monétaires en cours sonne la fin du quoi qu'il en coûte, autrement dit le soutien sans faille de l'État à l'économie. Et c'est un défi encore plus grand pour les États les moins développés. Le FMI s'était déjà alarmé de la situation de pays émergents comme l'Afrique du Sud, le Brésil ou l'Indonésie où le soutien à l'économie n'a pas été assez important en 2020. Beaucoup au début de la crise du Covid-19 ont instauré des moratoires sur les dettes aux ménages et aux entreprises. Alors qu'il est impossible de prédire quand prendront fin les vents contraires qui planent sur l'économie mondiale, l'écart risque de se creuser encore avec les pays développés.

Deux économistes de la Banque mondiale alertent sur les risques de dettes cachées des entreprises dans ces pays

Dans une récente tribune, Carmen Reinhart et Leora Klapper alertent sur les conséquences de la fin des mesures de soutien à l'économie dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les moratoires sur les dettes qui ont été consentis n'ont pas toujours été accompagné d'une supervision bancaire suffisante.

Du coup, on découvre désormais des montagnes de créances qui ne seront probablement pas honorées. L'enquête « Pulse » de la Banque mondiale, sur 24 pays à revenu faibles et intermédiaires, montre qu'en janvier 2021 déjà, plus de 40% des entreprises anticipaient des retards de paiements dans les six mois. On peut penser que cette proportion a augmenté depuis. Les auteures de la tribune appellent les États à instaurer plus de transparence afin de circonscrire le plus tôt possible le phénomène et ainsi ne pas menacer l'accès au crédit pour les ménages et les entreprises et partant, une éventuelle reprise économique.

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