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Pourquoi l’engagement pour le climat de TotalEnergies déçoit les actionnaires

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L’engagement de TotalEnergies dans la transition énergétique est insuffisant estiment certains de ses actionnaires. On verra aujourd’hui lors de leur assemblée générale s’ils parviennent à rallier une majorité.

Le siège de TotalEnergies à la Défense à Paris. (Image d'illustration).
Le siège de TotalEnergies à la Défense à Paris. (Image d'illustration). © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP
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C’est une assemblée sous haute tension qui s’ouvre ce matin à Paris pour le groupe pétrolier français, le septième groupe mondial. Au moins neuf actionnaires institutionnels ont fait savoir qu’ils voteraient contre le plan de verdissement que le groupe soumet à titre consultatif à ses actionnaires. Ils trouvent que les objectifs à court terme, réduire les émissions de carbone de 6 à 7% d’ici 2030, sont trop timorés. Car pendant cette période, la production d'hydrocarbures du groupe va fortement augmenter. A cette allure, son objectif de zéro émission en 2050 comme le prévoit l’accord de Paris ne parait pas crédible.

70% des investissements de TotalEnergies sont encore dédiés au gaz et au pétrole alors que l’Agence Internationale à l’énergie recommande de stopper net tout nouveau projet tout projet dans les énergies fossiles. La rémunération de Patrick Pouyanné, le PDG, fait aussi débat. La part variable indexée sur la réalisation des objectifs climatiques est bien trop faible pour l’inciter à en faire davantage estiment plusieurs fonds, ils ont annoncé qu’ils ne voteront pas la résolution sur son salaire.

Le niveau d'exigence écologique des actionnaires est-il plus fort que les années précédentes ?

L’an dernier 92% d'entre eux ont voté en faveur du plan Climat. Il leur était soumis pour la première fois par le conseil d’administration de TotalEnergies et ils étaient enthousiasmés par la démarche. Certains déchantent cette année. Mais ce cas de figure est assez exceptionnel, car parmi les autres majors qui ont déjà tenu leur assemblée générale, les investisseurs sont devenus au contraire bien moins regardant sur la conversion aux énergies renouvelables. La guerre en Ukraine et le choc énergétique qu’elle a provoqué redonnent de l’élan, de la légitimité au lobby pétrolier.

Avec la bénédiction du poids lourds de l’investissement responsable

L'Américain BlackRock, le plus grand gérant de fonds au monde, qui a créé plusieurs fonds d’investissement avec des critères de responsabilité environnementale, a opéré un virage à 180°. A cause de la guerre et de la hausse du prix du baril, il veut privilégier désormais la sécurité énergétique. Et bien sûr les hauts rendements que procurent en ce moment les actions pétrolières.

C’est le deuxième actionnaire de TotalEnergies et il devrait voter les yeux fermés la trajectoire verte de l’entreprise. Hier à Davos Amin Asser, le patron de la compagnie saoudienne Aramco, a expliqué qu’il fallait revoir le rythme de la transition verte car la demande en pétrole est toujours aussi forte et l’offre peine à y répondre. La planète consomme 100 millions de baril par jour. Avec la reprise du transport aérien, la demande va repartir à la hausse. La première compagnie exportatrice prévoit d’augmenter sa production de pétrole de 12 à 13 millions de barils par jour d’ici 2027 et celle de gaz de 60% d’ici 8 ans.

La feuille de route climatique présentée ce matin aux actionnaires de TotalEnergies n'est donc qu'un voeu pieu?

Ces 84 pages détaillées ne sont qu'une opération d'écoblanchiment selon les ONG. Elles pourraient faire entendre bruyamment leur point de vue ce matin à l'ouverture. Comme des activistes l'ont fait hier à l'Assemblée de Shell à Londres. Dans la salle l'ambiance promet d'être animée par les actionnaires qui avaient déposé une résolution demandant au groupe de se conformer à l'accord de Paris. Résolution refusée par le Conseil d'administration. Ils ne représentent même pas 1% du capital mais ils sont bien décidés à faire entendre leur vision de long terme.

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