Le 73e Congrès international d'astronautique (IAC), l'événement spatial le plus important au niveau mondial, s'est ouvert, le dimanche 18 septembre, à Paris, en présence de plusieurs milliers de représentants de tous les continents. La France est pour la première fois hôte de l'événement et a annoncé plus de 9 milliards d'euros d'investissement dans le secteur spatial sur les trois prochaines années.

L'annonce a été faite ce dimanche par la première ministre Élisabeth Borne : « La première stratégie », a-t-elle déclaré « est de garder avec l'Europe une autonomie d'accès à l'espace ». Cet accès ne peut se faire aujourd'hui que grâce à une collaboration internationale, mais chacun veut tirer son épingle du jeu, car les enjeux économiques sont colossaux. Alors que la Nasa relance son programme vers la Lune, jamais il n'y a eu autant de missions vers l'espace, qui devient un nouveau marché à conquérir. Le secteur privé joue un rôle de premier plan. Durant les 15 dernières années, les activités commerciales dans l'espace ont plus que triplé pour atteindre 357 milliards de dollars en 2020. La pandémie a encore accéléré le mouvement et la banque d'affaires Morgan Stanley estime que le secteur spatial dépassera les 1000 milliards de dollars d'ici 2040.
Ticket d'entrée plus accessible pour l’espace
L'espace n'est plus réservé aux seules nations : de nouvelles opportunités voient le jour, dépassant les industries de l’aérospatial et de la défense. L’accès internet haut débit par satellite représente 50% des projections de croissance à 2040 (Morgan Stanley). Cette technologie devrait permettre de fournir un accès internet à certains lieux jusqu'à présent peu ou pas desservis. L'espace s'est aussi imposé comme un moyen essentiel pour observer le changement climatique, grâce aux données satellites. De futures applications dans le domaine de la santé ou de la surveillance des infrastructures ne manqueront pas de susciter les convoitises tout comme la connectivité des objets qui constitue le véritable défi de demain.
Les Américains sont les premiers à investir dans l'espace mais les Européens ne sont pas en reste et les pays émergents non plus : des projets se développent aujourd'hui au Brésil, en Afrique du Sud ou encore en Inde.
De nombreuses jeunes pousses (start-up) aux premiers rangs
À côté de SpaceX, la firme du milliardaire américain Elon Musk, des entreprises tentent de se positionner dans ce que l'on appelle le « new space ».
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Mais investir dans l'espace réclame certaines compétences dans des domaines très précis : propulsion, nouveaux matériaux, mécanique orbitale, électronique spatiale, ou intelligence artificielle. L'Agence spatiale européenne a déjà investi dans plus de 500 jeunes pousses (start-up) par l'intermédiaire de ses centres d'incubation d'entreprise. Une nouvelle économie qui ne se fera pas sans un lien fort avec les pouvoirs publics qui financent de nombreux projets.
Un marché spatial décomplexé mais qui n'est pas sans poser des questions : les possibilités d'exploitation minière notamment posent un défi de taille en terme de régulation. Aucune nation ne peut s'approprier un corps céleste, c'est ce qui est stipulé dans le traité de l'Espace de 1967 par toutes les puissances spatiales. Mais la course à la Lune, et vers Mars relance la question de l'exploitation des ressources extraterrestres. Les astéroïdes deviendront - à terme - une source rentable de matériaux précieux comme l’or, le nickel, le cobalt, ou encore le platine. Mais l'eau est la ressource que tout le monde recherche : elle permettra aux futurs équipes de survivre dans l’espace mais fourniront aussi le précieux carburant nécessaire à toute entreprise commerciale dans l'espace.
Les États-Unis ont mis en place en 2020 « les accords Artémis » qui établissent des lignes directrices pour l'extraction de ces ressources. Ces accords ont déjà été signés par 21 pays. Mais dans les faits, les nations et les entreprises qui accéderont en premier aux sites miniers seront ceux qui pourront dominer cette nouvelle économie de l'espace et la future réglementation qui va avec.
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