Les défis économiques du prochain Premier ministre britannique

Au Royaume-Uni, Rishi Sunak succède à Liz Truss au poste de Premier ministre. Sa première urgence sera de restaurer la confiance dans l’économie, totalement sinistrée par les gouvernements précédents.

La première urgence du remplaçant de Liz Truss sera de restaurer la confiance dans l'économie britannique (photo d'illustration). © REUTERS/Toby Melville

Liz Truss, qui est restée le moins longtemps au pouvoir, 44 jours, aura été de loin la plus destructrice avec son plan non financé de réduction des impôts en faveur des riches. Les marchés lui ont fait payer cette décision contrintuitive en pleine crise. Et à la fin, ce sont les Britanniques qui paient l'addition : l'inflation à 10%, la plus élevée du G7 et la plus haute depuis 40 ans, rogne considérablement leur pouvoir d'achat. La consommation s'en ressent, elle a reculé de 1,4% en septembre. La livre est au plus bas et les taux d'intérêts s'envolent alors que la dette grimpe dangereusement ; elle pèse quasiment aussi lourd aujourd'hui que le PIB du pays. À l'horizon pointe la récession, la contraction de l'économie britannique est annoncée pour 2023 par le FMI comme par les analystes des banques privées.

Comment le prochain Premier ministre peut-il redresser la situation ?

Jeremy Hunt, l'éphémère ministre des Finances appelé à la rescousse par Liz Truss, a prévenu : il faudra prendre des décisions difficiles pour le prochain budget. Il fait allusion à la réduction des dépenses publiques, la seule solution avec la hausse des impôts pour faire rentrer de l'argent frais dans les caisses de l'État confronté au coût devenu exorbitant de sa dette. Un choix très compliqué quand les ménages ont plus que jamais besoin d'aide publique pour traverser la crise énergétique. Rishi Sunak, ancien chancelier de l'échiquier, a le profil de l'emploi. C'est un gardien de l'orthodoxie budgétaire. Quand il était aux finances, sous la houlette de Boris Johnson, il a relevé l'impôt sur les sociétés et les cotisations sociales, il pourrait demain augmenter la pression fiscale sur les superprofits.

Les déboires actuels de l'économie britannique sont-ils liés au Brexit ?

La pandémie puis la crise énergétique décuplée par la guerre en Ukraine en sont les responsables immédiats. Mais ces chocs interviennent sur une économie déjà affaiblie par le Brexit. Cette sortie de l'Union européenne a aggravé les pénuries de main d'œuvre. Elle n'a pas remédié au déclin de la productivité, elle l'a au contraire amplifié. Depuis 2016, l'année du référendum, les investissements, la croissance, la consommation progressent moins vite au Royaume-Uni que dans les pays comparables. Ce choix politicien est estimé globalement négatif pour le bien-être économique du royaume.

► À lire aussi : Royaume-Uni: pourquoi Rishi Sunak peut devenir le nouveau Premier ministre

Certes, le divorce n'a pas été la catastrophe annoncée par les « remainers », mais encore moins l'aubaine vantée par les « brexiters ». Mais le reconnaître fait encore partie de l'impensé du parti conservateur. Les Tories sont à l'origine du divorce avec le référendum proposé par David Cameron pour tenter de récupérer l'électorat des classes populaires. C'est pourquoi aujourd'hui le sujet reste tabou parmi eux. Ni la sortante, Liz Truss, pourtant partisane du « remain », ni le favori du jour Rishi Sunak, n'ont fait le bilan des illusions perdues du Brexit.

► EN BREF

Les bourses chinoises ont ouvert en baisse ce matin.

Malgré le bon chiffre de la croissance enfin publié ce lundi matin : 3,9% au troisième trimestre, c'est bien mieux que ce qui était attendu. La croissance chinoise repart. Mais cette bonne nouvelle est toute relative. Les marchés chinois sont surtout préoccupés ce matin par l'emprise de Xi Jinping sur le parti et donc sur l'économie. Tous les membres de sa nouvelle équipe sont partisans de la politique « zéro Covid » si néfaste aux affaires.