Aujourd'hui l'économie

Le Credit Suisse fait à son tour paniquer les marchés

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Une banque Credit Suisse, le 8 mai 2014 à Bern
Une banque Credit Suisse, le 8 mai 2014 à Bern AFP/Archives
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Le Credit Suisse a perdu, mercredi 15 mars, jusqu'à 30% de sa valeur. C'est une banque historique de la confédération helvétique, avec une activité très diversifiée, de la gestion de fortune à la banque de détail. Rien à voir avec le milieu de la tech américaine. On a donc du mal à identifier le lien de cause à effet entre les deux événements.

Si la crise se propage aussi vite d'un point à l'autre du globe, malgré les pares-feux mis en place aux États-Unis, c’est parce que les marchés n’ont plus confiance. Ils commencent à douter de tous les maillons « faibles » du secteur. Dans le cas du Credit Suisse, c’est un établissement à la peine depuis plusieurs années. Sa chute serait comparable à celle de la Lehman Brothers selon Nouriel Roubini, l'un des rares économistes ayant annoncé la crise de 2008.

Une crise financière d'une ampleur comparable pourrait donc éclater en Europe ?

Cette banque fait partie des 30 établissements dans le monde considérés comme « to big to fail » (« trop gros pour sombrer »). Une banque systémique, contrairement à la SVB, dont la faillite effectivement provoquerait à coup sûr un tsunami sur les marchés financiers. Mercredi 15 mars, les grandes banques françaises ont vacillé à la bourse de Paris. BNP Paribas, Société Générale, ou Crédit Agricole ont perdu au moins 10% de leur valeur.

La banque centrale suisse est restée silencieuse pendant toute cette descente aux enfers du Credit Suisse, mais elle a fini par réagir très fermement dans la soirée en annonçant un prêt à court terme de 50 milliards de francs suisses pour la renflouer. Le continent qui se disait à l’abri de la contagion de la Silicon Valley Bank est aujourd'hui rattrapé par cette crise de confiance.

Comment expliquer cette défiance ?

Désormais les marchés surréagissent à tout ce qui leur parait suspect. Le profil des banques régionales américaines jugées trop fragiles, la trajectoire poussive de Credit Suisse ou encore les propos pessimistes des uns ou des autres. Mercredi, Larry Fink, le patron de Black Rock, le plus grand fonds au monde, a plombé Wall Street en prophétisant une cascade de faillite dans le secteur bancaire. Le coupable selon lui : l’argent facile octroyé pendant des décennies par l’assouplissement monétaire pratiqué à grande échelle par la Fed depuis 2008. En gros, avec les taux au plancher et l’injection de liquidité, les opérateurs se sont enhardis à prendre des risques inconsidérés. L'économiste de Bank of America estime de son côté qu'il n’y a « pas de risque systémique à l’horizon, mais le retour de la fragilité ».

Les règles plus strictes mises en place après la crise financière de 2008 sont insuffisantes ?

Aux États-Unis, elles ont été en partie détricotées par le Congrès, sous la présidence de Donald Trump. En 2018, le chiffre d’affaires à partir duquel les banques sont soumises à des règles strictes sur le niveau de leur liquidité et de leur capital a été relevé de 50 à 250 milliards de dollars. C’est pourquoi la Silicon Valley Bank et la Signature Bank ont échappé à ces contraintes.

Quant au Credit Suisse, soumis à des règles européennes beaucoup plus strictes qu'aux États-Unis, son directeur général a affirmé mercredi que toutes les exigences réglementaires étaient remplies, voire dépassées. Mais ces propos sont restés sans effet sur les marchés. Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, saura-t-elle trouver les mots qui rassurent ? Elle doit s'exprimer jeudi après-midi à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs.

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