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Série d’été – Le monde part à vélo [5/5]: au Ghana, le vélo en bambou très tendance

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Suite de notre série d'été, les vélos autour du monde. Ce vendredi matin, nous prenons la direction du Ghana. De la fabrique artisanale du petit village de Yonso sortent des cadres peu communs et très tendance : des cadres en bambou des vélos de la marque allemande MyBoo, présentés comme très écologiques et soutenables.

Au Ghana, l'usine de la marque allemande MyBoo se trouve en région Ashanti, pleine de bambous et qui servent à la fabrication des cadres de vélo.
Au Ghana, l'usine de la marque allemande MyBoo se trouve en région Ashanti, pleine de bambous et qui servent à la fabrication des cadres de vélo. © RFI/Mehdi Meddeb
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« Je suis le responsable de production de cet atelier de montage, explique Keith Otchere. Il existe depuis dix ans, et je travaille pour MyBoo depuis quatre ans. On est là dans la salle de stockage de bambous. Après traitement et séchage pendant des semaines, nous les gardons ici. Nous avons plusieurs variétés en termes de taille et de circonférences pour les différentes parties qui vont former les cadres des vélos. »

Pour arriver jusqu'à l'usine ghanéenne de MyBoo, il a fallu faire plus de cinq heures en voiture et non à vélo pour la rejoindre ici en pleine région Ashanti pleine de bambous et qui servent à la fabrication des cadres de vélo. C'est une innovation qui fait la fierté de MyBoo. Un projet présenté comme soutenable, écodurable. Car les bambous, en plus de capter énormément de carbone, repoussent très vite une fois abattus : « Le bambou est vraiment unique comme matériau. C'est beaucoup plus résistant que le métal. Au premier abord, les gens se disent : "waouh impossible ! C'est du bois, un vélo en bois ?" Mais non. Le bambou est une plante incroyable pour nous et je vous assure qu'il n'a rien à envier à bien des vélos en acier. »

« Réaliser un produit sans nuire à l'environnement »

Une aubaine pour le fabricant car le bambou ne coûte rien, et l'impact environnemental est limité, à en croire Keith Otchere : « Le bambou a une longue vie et une grande résistance. On cherche aussi à rendre notre écosystème plus en phase avec le changement climatique, à faire en sorte de réaliser un produit sans nuire à l'environnement et qui soit plus en phase avec notre époque. C'est clairement la mission qu'on s'est donnée. »

Au milieu des étourneaux caronculés qui ont élu domicile dans la petite bambouseraie de l'atelier extérieur de MyBoo s'affairent une dizaine d'ouvriers sur des établis. À chacun, un rôle précis dans le ponçage des cadres en bambou. Une étape très technique mais très rodée : « Chaque cadre de vélo a six parties : le tube supérieur, le tube diagonal, le tube de selle, le tube de direction, le hauban, et les bases. Donc en fonction de cela, nous adaptons les tailles de bambous, et ils sont maintenant très calibrés. »

Chaque cadre de vélo a six parties.
Chaque cadre de vélo a six parties. © RFI/Mehdi Meddeb

Travail d'orfèvre

Pour les 25 ouvriers ghanéens de l'entreprise allemande, c'est un travail d'orfèvre. Le salaire de 40 dollars par mois au départ peut paraitre minimal quand les vélos MyBoo les plus chers sont vendus près de 6 000 euros. Mais le fabricant se justifie par les créations d'emploi et une école subventionnée par ses soins : « Si nous avions installé l'atelier en ville, cela aurait compliqué l'approvisionnement en bambous. Les bambouseraies se trouvent toutes dans les campagnes. D'ici, il faut marcher deux heures. Et l'intérêt, c'est d'offrir des opportunités d'embauche, nous œuvrons également contre la déscolarisation qui est très forte dans la zone. Avec le Yonso project, nous finançons une école pour des centaines d'enfants, on forme ainsi la génération de demain. »

En attendant, la petite entreprise de MyBoo continue de rencontrer le succès. L'an dernier, 1500 cadres de vélos sont sortis de l'atelier de Yonso au Ghana. Des cadres en bambou, emballés, transportés par la route vers Accra, puis envoyés chaque semaine par container depuis le port de Téma vers l'Allemagne.

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